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Brexit
« Les opposants au Brexit très présents sur la scène culturelle »

Affiche anti-Brexit : pour de nombreux créateurs de culture, la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE signifie également un manque d’accès au financement et aux projets de coopération.
Affiche anti-Brexit : pour de nombreux créateurs de culture, la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE signifie également un manque d’accès au financement et aux projets de coopération. | Photo (détail): © Fred Moon/Unsplash

La culture se développe grâce aux échanges : les concerts et les expositions passent de ville en ville et d’un pays à l’autre, des équipes internationales d’artistes travaillent ensemble dans des productions théâtrales et des compagnies de danse. Le Brexit rend cette coopération avec la Grande-Bretagne plus difficile. Dans quelle mesure cette situation va-t-elle modifier le paysage culturel en Europe ?

De Eleonore von Bothmer

Fin janvier 2020, la Grande-Bretagne est sortie de l’Union européenne. À première vue, cet événement n’a pas grand-chose à voir avec la scène culturelle : en effet, l’UE n’a pas de mandat pour la culture. Ce domaine relève de la responsabilité souveraine des États membres, et il n’y a donc pas de fonds européens directs pour le Festival de Salzbourg ou l’École de musique de Detmold, par exemple. Les institutions culturelles européennes travaillent toutefois en étroite collaboration et cet échange est également soutenu financièrement par des programmes officiels de l’UE (voir encadré). Gitte Zschoch, directrice du réseau EUNIC (European Union National Institutes for Culture), explique ce que l’on peut attendre d’un retrait politique de la Grande-Bretagne.

Le Brexit est officiellement entré en vigueur le 31 janvier. Comment cela affecte-t-il les échanges culturels et comment les créateurs de culture le ressentent-ils ?

Gitte Zschoch ist seit 2018 Geschäftsführerin von EUNIC, dem Netzwerk der europäischen Kulturinstitute mit Sitz in Brüssel. Davor baute sie die Außenstelle des Goethe-Instituts in Kinshasa (Demokratische Republik Kongo) auf, wo sie Projekte wie die crossmediale Webserie „Kinshasa Collection“ oder eine Eröffnung der Tourneeausstellung von Wolfgang Tillmans realisierte. Sie war außerdem stellvertretende Leiterin des Kommunikationsbereichs in der Zentrale des Goethe-Instituts. Gitte Zschoch studierte Literaturwissenschaften in München und Moderne Koreanische Literatur in Seoul, Südkorea. Gitte Zschoch ist seit 2018 Geschäftsführerin von EUNIC, dem Netzwerk der europäischen Kulturinstitute mit Sitz in Brüssel. Davor baute sie die Außenstelle des Goethe-Instituts in Kinshasa (Demokratische Republik Kongo) auf, wo sie Projekte wie die crossmediale Webserie „Kinshasa Collection“ oder eine Eröffnung der Tourneeausstellung von Wolfgang Tillmans realisierte. Sie war außerdem stellvertretende Leiterin des Kommunikationsbereichs in der Zentrale des Goethe-Instituts. Gitte Zschoch studierte Literaturwissenschaften in München und Moderne Koreanische Literatur in Seoul, Südkorea. | Foto: © Ksenia Kuleshova / EUNIC Avec le coronavirus, beaucoup de choses ont été reléguées au second plan – y compris le Brexit et les négociations de l’UE avec la Grande-Bretagne. Après l’entrée en vigueur du Brexit fin janvier, la Fondation européenne de la culture (European Cultural Foundation) a entrepris une vaste action avec de nombreux autres partenaires européens dans le but de renforcer la coopération avec les créateurs de culture et les acteurs culturels du Royaume-Uni. Le cœur du message : poursuivre la coopération culturelle, au moins en ce qui concerne les artistes et les institutions. Actuellement, la compassion et les regrets sont dans tous les esprits. À Bruxelles, nombreuses sont les personnes à trouver cette rupture dommage et douloureuse. Et il en va de même en Grande-Bretagne : les « remainers », qui ont voté pour rester dans l’UE, sont très présents sur la scène culturelle. Mais malheureusement, ils n’ont pas réussi à obtenir une majorité.

Qu’est-ce qui va changer à l’avenir ?

Le gouvernement britannique a clairement tourné le dos à l’UE sur le plan culturel. Le programme « Europe créative », qui vise à promouvoir les échanges culturels, permet également d’inclure des pays voisins non-membres de l’UE, les pays des Balkans occidentaux par exemple. La Grande-Bretagne s’est activement retirée du programme et n’a manifesté aucun intérêt pour continuer à en faire partie. C’est terrible pour les créateurs de culture : ils n’ont pas accès aux financements et aux projets de coopération – sans parler des échanges directs.

Que pouvons-nous attendre des négociations sur le Brexit ?

Au sein des organes politiques à Bruxelles, il semble y avoir un consensus sur la nécessité d’une rupture dans tous les domaines, quelle que soit la qualité de la coopération jusqu’à présent. Dans tous les cas, il faut éviter que tout reste comme avant, mais avec de nouveaux traités. Les négociations viennent de reprendre après une pause due au coronavirus. On parle à présent de prolonger la période de transition. J’ai le sentiment que la Grande-Bretagne campe sur ses positions et qu’il n’y a pour le moment guère de place pour les compromis.

Pensez-vous que le Brexit encourage les pays séparatistes à quitter l’UE ?

Je ne pense pas. En Pologne, par exemple, la société civile est tellement pro-européenne qu’aucun parti ou dirigeant ne viendrait se mettre en travers. L’an dernier, le pays a fêté les 15 ans de son adhésion à l’UE avec une grande campagne gouvernementale. Le Brexit ne sert plus de modèle. La promesse et les avantages d’être membre de l’UE sont encore trop importants pour cela. Une logique qui se reflète également dans les pays qui continuent à demander l’adhésion, comme l’Albanie ou la Macédoine du Nord.

En ce moment, on arrive à imaginer à quoi ressemblerait notre vie s’il n’y avait pas de communauté européenne et s’il fallait par exemple un visa pour aller dans autre pays d’Europe.

Oui, c’est intéressant à observer en ce moment. Le fait de nous isoler nous donne un petit aperçu de ce que ce serait si nous ne pouvions plus voyager aussi facilement. Soudain, beaucoup de choses aujourd’hui considérées comme allant de soi seraient remises en question : escapades citadines, séjours linguistiques, relations à distance, ou encore semestres à l’étranger. En tant que membre de l’UE, tout cela est généralement très simple – hormis en période de coronavirus. Et cela vaut la peine d’être défendu. Les Britanniques seront bientôt confrontés à ces restrictions en permanence.

La crise du coronavirus est venue s’ajouter de manière tout à fait imprévue aux restrictions prévisibles causées par le Brexit. Qu’est-ce qui a des effets plus drastiques sur le secteur culturel : le Brexit ou la crise du coronavirus ?

La crise du coronavirus. Aujourd’hui, on voit clairement à quel point la culture tient une place importante dans notre quotidien. La distanciation sociale nous interdit de nous rendre au cinéma, d’aller voir une exposition, ou une comédie musicale. Nous voyons et ressentons douloureusement ce que nous tenons habituellement pour acquis – car nous n’y avons plus accès. Ainsi, les industries de la culture et de la création sont en première ligne. Jamais la diversité du secteur culturel n’a fait l’objet d’autant d’attention. De ce point de vue, c’est le bon moment pour faire du lobbying.

Est-ce que des idées se dessinent concrètement ?

De nombreux efforts sont actuellement déployés pour placer les artistes dans une situation moins précaire. Certains membres du Parlement européen s’activent dans ce sens en lançant des pétitions et des actions pour améliorer, par exemple, l’accès au régime social des artistes. Il y a quelques aspects encourageants, mais naturellement, après la crise, les budgets seront probablement réduits dans un premier temps, tout comme l’offre culturelle.

En quoi la culture vaut-elle la peine de se battre pour un échange et une coopération internationale ?

La culture rapproche les gens. La culture contribue à la compréhension internationale, elle crée la confiance au-delà des frontières. C’est important dans les régions en conflit – où il n’y a parfois pas d’autre moyen d’échange – et en temps de crise, comme maintenant, lorsque le coronavirus nous fait à nouveau prendre conscience des frontières. Grâce aux échanges et à la coopération culturelle, les gens se rencontrent directement, ce qui leur donne l’occasion de se connaître et de faire tomber les préjugés. Et puis, nous profitons tous de l’immense richesse créative que le monde a à offrir – et les échanges culturels permettent d’y accéder.

Si vous aviez un souhait : à quoi ressemblerait la coopération culturelle ?
Je voudrais que nous profitions de la situation actuelle pour réfléchir à la manière dont nous voulons travailler ensemble à l’avenir. Par exemple, je pense que nous devrions payer équitablement toutes les personnes qui travaillent dans le secteur culturel. Comment permettre à chacun de participer ? Je voudrais plus de coopération et moins d’esprit de compétition. Enfin et surtout : comment le travail culturel peut-il mieux prendre en compte son impact sur l’environnement ?
 

EUNIC – Regroupement des instituts culturels nationaux de l’Union européenne

En Europe, la culture relève de la responsabilité souveraine des États membres. Toutefois, au fil des ans, la culture a pris une place de plus en plus prépondérante pour les représentants de l’UE, y compris dans les relations extérieures, de sorte qu’un agenda culturel a été élaboré, et en 2016, une stratégie pour les relations culturelles extérieures. En 2006, les instituts culturels européens se sont réunis pour former un réseau afin de poursuivre ensemble les relations culturelles européennes, et devenir partenaires de l’UE dans ce domaine : soutenu notamment par le programme « Europe créative » de l’Union européenne, l’EUNIC (European Union National Institutes for Culture) compte 36 membres issus des 28 pays membres de l’UE.