Anguille fumée ou plateau de fromages ? Sina et Mathilde font leurs courses sur les marchés de Hambourg et de Toulouse qui chaque jour – enfin, presque chaque jour – attirent les adeptes de la gastronomie.
Itinéraire d’un fin gourmet à Hambourg
En automne, les amateurs de bons produits se reconnaissent tacitement à leur nez rougi par les premiers frimas. Leur destination dépend de l’objet de leur quête.
Pour tout ce qui vient de la mer, s’impose le fameux marché au poisson de Hambourg, qui parvient à être à la fois une attraction touristique, une adresse pour fin gastronome et le point de chute des fêtards finissant leur nuit. Tout ce beau monde s’attable et danse sur de la musique live sous les verrières de la belle halle de la fin du XIXème siècle. Dehors, les sens du gastronome sont fortement sollicités et avec un peu d’attention, le visiteur reconnaîtra les effluves de poissons souvent fumés, la préférence marquée des Hambourgeois pour les anguilles, mais aussi la trace des bateaux venus abandonner sur les quais leur abondante cargaison de fruits d’horizons lointains.
Mais pour qui n’est pas matinal le dimanche matin, il y a d’autres solutions. Mon frigo attend le mardi ou le vendredi pour se remplir, quand je pars me ravitailler à l’Isemarkt, le plus long marché en plein air d’Europe. Il s’étend sur plus d’un kilomètre sous la ligne 3 du métro, ce qui n’est pas toujours très rassurant, mais toujours pratique par temps pluvieux. Je peux alors prendre mon temps pour choisir parmi les variétés de pommes proposées par les producteurs locaux. Face au tableau de ce qui se retrouvera dans mon assiette, mon appétit s’est aiguisé. Heureusement, ici, on ne fait pas seulement ses courses au marché, on y mange aussi, et je trouverai un peu plus loin une table où tester la fraîcheur de ce que je viens d’acheter.
Jour de marché à Toulouse
À Toulouse, le marché c’est tous les jours. Sauf le lundi. Et une fois qu’on est habitué à la richesse des étals, où l’on peut acheter chaque jour – enfin, presque chaque jour – fruits, légumes, viande et poisson frais, eh bien le lundi, on se retrouve un peu déboussolé. Les restaurants, qui font leur beurre en proposant chaque jour – enfin, presque chaque jour – une cuisine du marché, sont eux aussi fermés le lundi. Cela vaut aussi pour ceux qui sont situés juste au-dessus du marché Victor Hugo et où, après avoir fait ses courses, on peut manger un plat du jour avec vue sur la ville.
Et alors que je farfouille dans mon congélateur en me disant que l’art de vivre, le lundi, ça n’est pas vraiment ça, je rêve des rangées aux mille couleurs et senteurs, que j’aime tant parcourir le samedi, et je songe à ce doux sentiment d’être déjà un peu chez soi quand on croise, dans la foule, des gens qu’on connaît. On s’embrasse sur les deux joues devant l’étal du fromager ou celui du boulanger, tout le monde fait ses provisions pour les moments partagés avec la famille ou entre amis.
On va se mettre aux fourneaux, remplir l’étagère à vin, sans oublier le plateau de fromage. Si j’hésite devant un stand, le marchand m’aborde directement avec un fort accent du Sud et me propose les morceaux de choix avec une idée de recette toute prête. Et si on se laisse convaincre, on est gratifié d’un large sourire en retour. Avec tous ces délices, on a vite fait de dépenser une fortune, mais le Toulousain souffre d’épicurisme aigu et le marché en est un symptôme.
Parmi plus de trente marchés, dont des marchés bio, aux fleurs ou des marchés aux puces, il est facile de choisir le sien. Et ce, que ce soit aux halles de la place Victor-Hugo, de Saint-Cyprien ou des Carmes, ou à l'air libre aux places Saint-Aubin, Salin Saint-Georges ou au boulevard de Strasbourg.