L'exposition à la Friche la Belle de Mai
© Réalisation : Benjamin Piat
avec le soutien de la Collection Regard
Cette exposition est réalisé en partenariat avec Le Garage Photographie et le soutien de La Friche la Belle de Mai.
Nous remercions également la Ville de Marseille et le Parc national des Calanques pour son soutien.
Dossier pédagogique Südwall (Allemand) | PDF, 2888 KB
Entretien avec Margret Hoppe (allemand) | PDF, 155 KB
Entretien avec Laurence Garson (Responsable des Mémorial des déportations) (français ) | PDF, 79 KB
Le projet est accompagné d'une publication bilingue, parue chez Spector Books.
Sur le projet
La côte autour du port de Marseille est rocheuse, accidentée et aride. Au fil des petites criques et îles de la Méditerranée, on peut découvrir des vestiges de bunkers et de forteresses qui, par leur matérialité et leur couleur minérale, s'intègrent aisément au paysage environnant. Ces installations sont des traces de l’occupation allemande du sud de la France pendant la Seconde Guerre mondiale. Au cours de cette dernière, la Wehrmacht, en prévision d'un débarquement allié, a construit à partir de 1943 une grande série de bunkers le long de la côte méditerranéenne française, le « mur sud » (Südwall).
La photographe Margret Hoppe de Leipzig a enregistré ces traces avec son appareil photographique et a en même temps documenté le rôle de Marseille en tant que ville d'exil pour les persécuté.e.s du national-socialisme. En suivant ces deux fils conducteurs de la matérialité et de l’exil à travers sa nouvelle série Südwall, l'exposition à la Friche la Belle de Mai raconte la longue histoire, complexe et conflictuelle, de l'Allemagne et de la France.
Les bunkers et blockhaus, aujourd'hui en partie délabrés, en partie utilisés à titre privé, font presque corps avec la côte rocheuse. La photographie de Margret Hoppe appréhende le « Südwall » au-delà de la construction fortifiante fortifiée en elle-même : à travers les images de l’artiste, c’est le paysage même qui devient forteresse. Grâce aux photographies de la série, les bunkers apparaissent intégrés dans leur contexte géographique, et, associés à leur l'histoire, deviennent des lieux témoins révélateurs de leur époque et des protagonistes les ayant habités. Leurs uniques distinctions restent leurs coordonnées GPS : cela renvoie ainsi à leur fonction militaire et stratégique.
Marseille, ville d'arrivée et de départ depuis des siècles, a été pendant la Seconde Guerre mondiale la porte vers la liberté pour de nombreux persécutés du national-socialisme. Margret Hoppe documente les lieux d'exil dans le sud de la France à travers les cachettes, les abris et les camps d'internement des personnes en fuite et en quête de liberté.
Un troisième axe de narration, plus discret, se déploie dans les vitrines de la salle d’exposition où la photographe présente les résultats de ses recherches dans les archives municipales portant sur la destruction de certains quartiers de la ville par les occupants. Les visiteurs y retrouvent, non pas les photographies prises par les Alliés pour témoigner des dégâts de cette violence destructrice, mais les inscriptions au dos des archives photographiques qui cherchent à mettre des mots sur l’indescriptible et d’inventorier la disparition des lieux de vie dans le centre de Marseille.
En raison de la crise du Covid-19, l'exposition a dû être fermée au public le jour même du vernissage prévu, début mars. Grâce à la générosité de la Friche la Belle de Mai, la présentation peut être prolongée jusqu’en août 2020. Afin de rendre les images de Margret Hoppe accessibles à un large public, une documentation audiovisuelle de l'exposition a été produite.
(Frithjof Paulsen)