Gerda Raidt
Rendre le monde un peu meilleur

Dans ses livres, Gerda Raidt pose des questions sur la protection de l'environnement et sur la manière dont un quotidien plus respectueux envers le monde qui nous entoure peut être organisé - le tout avec des illustrations colorées et des textes présentant des thèmes complexes mais néanmoins accessibles aux enfants.
 

De Fanny Braun et Katja Sporbert

Où finissent les déchets après avoir été jetés dans la poubelle et comment les éviter ? Quels sont les effets de la mondialisation sur l'Homme ? Transmettre des thèmes de société actuels et complexes - Gerda Raidt parvient, à l'aide de dessins au crayon de couleur détaillés et adaptés aux enfants, à présenter des thèmes complexes sans être moralisatrice.

Des livres documentaires pour enfants et jeunes

Née en 1975 à Berlin-Est, Raidt a fait des études d’art graphique et d’illustration à la Burg Giebichenstein Kunsthochschule à Halle (école supérieure des beaux-arts) et à la Hochschule für Grafik und Buchkunst de Leipzig (école supérieure de graphisme et art du livre). Depuis 2004, elle travaille comme illustratrice et auteure indépendante. Depuis, elle a conçu de nombreux livres et réalisé ses propres projets de livres. Le livre "Müll. Alles über die lästigste Sache der Welt" (Les déchets – sur la chose la plus agaçante du monde) est considéré en Allemagne comme un classique parmi les livres sur l'environnement destinés aux enfants. Elle est aujourd'hui traduite dans de nombreuses langues – mais malheureusement pas encore en français ! L'Académie allemande de littérature pour enfants et adolescents de Volkach e.V. a sélectionné « C'est mon monde. Comment pouvons-nous le rendre meilleur ? » comme conseil de lecture sur l'environnement pour mai 2021.
   

Auteure et illustratrice

« Le texte et l'image faits par la même personne ouvrent un grand champ de possibles », souligne Raidt. En choisissant ses thèmes en tant qu'auteure, c’est elle qui décide de ce qu'elle peut « raconter par l'image et de ce qui appartient au texte ». Dans son travail d'illustratrice, elle a fait l'expérience que ses images s'ajoutent aux textes des autres, doublant ainsi certains messages, l'information se trouvant à la fois dans le texte et dans l'image. La plupart du temps, les images sont considérées comme une décoration du texte et l'illustratrice comme une prestataire de services - un rôle qu'elle sentait avoir dépassé, d'où son souhait de faire des livres en tant qu’auteure et illustratrice et de choisir ses propres thèmes.

Ne pas avoir peur des sujets complexes

Lorsqu'on lui demande comment elle en est venue à aborder des thèmes comme la pollution ou la durabilité dans les livres pour enfants, Gerda Raidt répond : « C'est un sujet important. Dans mon enfance et mon adolescence, l'environnement était considéré comme un sujet pour les marginaux qui avaient envie de s'y intéresser. [...] De nombreux arguments expliquant pourquoi nous devrions continuer comme avant, ou pourquoi l'économie et les emplois ont toujours la priorité et les questions environnementales sont secondaires, prennent tout simplement racine dans une grande ignorance ». En tant que mère, elle aurait souhaité des livres sur de tels sujets. Pour les parents, c'est un soulagement lorsqu'un « chœur à plusieurs voix tente de trouver les mots pour décrire notre monde et que cette tâche ne repose pas uniquement entre leurs mains ».

„Dessiner les choses graves“

„Müll. Alles über die lästigste Sache der Welt“ paru en 2019, est l'un des premiers livres sur l'environnement destinés aux enfants. Raidt aborde le sujet d'une manière adaptée aux enfants et renonce délibérément aux chiffres et aux informations factuelles abstraites. En combinant le texte et l'image, elle parvient à représenter les quantités en images plutôt qu'en texte, ce qui crée un ensemble harmonieux. Elle répond à la question de savoir dans quelle mesure elle a adapté son style de dessin à des thèmes complexes : « Je me suis d'abord demandé si on pouvait dessiner ce qui est grave. [...] J'ai simplement essayé et j'ai constaté que c'était possible. Pour moi, il y a une grande fascination lorsque des images de livres pour enfants racontent soudain de telles vérités. Je pense que cela crée de la confiance, cela dit : ici, on parle clairement, les enfants sont pris au sérieux. Je trouve que ce n'est pas non plus trop bouleversant. Le fait que ce soit dessiné, donne un regard moins violent et rajoute une certaine distance. Je suis devenue plus courageuse avec de telles images négatives ».

Polyvalence dans ses activités créatives

Outre les nombreuses illustrations de ses propres livres et de ceux d'autres auteur·e·s, Gerda Raidt élargit constamment son répertoire. Pour l'année scolaire 2021/2022, elle participe ensemble avec l'auteur Florian Pigé (illustrateur et auteur lyonnais), à l'échange entre auteur·e·s et écoles primaires « Notre ville en mots et images »des villes jumelées Leipzig et Lyon. Ce projet est organisé par le Goethe-Institut Lyon et l'Institut Français de Leipzig, en partenariat avec la Métropole de Lyon et la ville de Leipzig.
Dans un premier temps, entre novembre 2021 et mars 2022, des lettres – illustrées par Gerda Raidt et Florian Pigé, des cartes postales et des colis contenant des livres, des friandises et bien d'autres choses, ont été envoyés par Gerda Raidt et Florian Pigé ainsi que par des élèves des écoles de Leipzig à Lyon et de Lyon à Leipzig. Les élèves et les deux auteur·e·s ont ainsi fait connaissance au fur à mesure. Dans un deuxième temps, des journées d'ateliers avec Florian Pigé ont suivi à Leipzig (mi-mars 2022) et une semaine d'ateliers avec Gerda Raidt à Lyon (début avril 2022). D’autres ateliers participatifs et lectures ont été organisés avec Raidt et Pigé pour des collégien·ne·s et des familles dans les deux villes. Ensuite, entre mai et juillet, l'accent sera mis sur l'échange (numérique) entre les élèves des écoles primaires de Lyon et de Leipzig, au cours duquel les enfants échangeront sur le projet. Le but sera d’initier avec ces rencontres des partenariats scolaires entre les quatre écoles primaires participant au projet.