Dans les discussions permanentes sur ce que l’on appelle la crise européenne, il est toujours fait allusion à la nécessité d’écrire un récit pour l’Europe : écrire une histoire porteuse d’enthousiasme, de conviction et donnant une identité moderne à ce projet commun. Un tel récit n’existe pas encore et jamais – bien que de plus en plus urgent – il n’a semblé plus incertain qu’il existe un jour. Avec Hausbesuch, une autre voie a été choisie : celle de la rencontre littéraire avec différentes réalités de la vie en Europe.
Pendant plus de sept mois, ce projet du Goethe-Institut a mis en contact dix écrivains connus, de sept pays différents (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Italie, Luxembourg, Portugal) avec des personnes, dans l’intimité de leur foyer. Dans dix-sept villes européennes où est implanté un Goethe-Institut, ils ont été accueillis aux domiciles d’une quarantaine d’hôtes, que ce soient des artistes tatoueurs à Porto, un spécialiste d’articles religieux à Palerme ou des fans de football à Fribourg. Il revenait ensuite aux écrivains de raconter par l’écriture les expériences qu’ils avaient vécues.
C’est ainsi que dix miniatures littéraires ont vu le jour : Katja Lange-Müller nous emmène avec elle lors de ses rencontres nocturnes dans un bar surréaliste de Bruxelles ; Michela Murgia découvre à Marseille – un des lieux de l’Euro de football 2016 – l’atmosphère de la demi-finale France-Allemagne ; Marie Darrieussecq se demande pourquoi elle a trouvé à Dresde une pizzeria appelée Napoli mais aucun restaurant à Naples s’appelant Dresden. Soir après soir, histoire après histoire, lieu après lieu, un instantané de l’Europe se dessine à travers les bribes de vie privée entrevues par les écrivains : plutôt qu’un discours plaqué sur l’Europe, l’histoire de véritables rencontres. Les récits sont publiés dans la langue des auteurs et des participants au projet. Ces textes prolongent ainsi le voyage européen au cours duquel ils ont pu voir le jour. Grâce aux possibilités offertes par la technique de l’e-book, chaque lecteur peut s’associer au voyage et se plonger dans un récit européen dans différentes langues.
Chacune de ces histoires fait l’objet d’un e-book. L’édition complète en six langues paraîtra chez Frohmann en mars 2017 à l’occasion de la Foire du livre de Leipzig.
Marie Darrieussecq réunit Naples et Gênes dans une géographie européenne. Sur les traces de Viktor Klemperer, elle s’intéresse à la destruction et à la reconstruction de l’Europe.
A Porto, Guy Helminger enchante de jeunes artistes tatoueurs en leur chantant ses poèmes. A Fribourg, il rencontre des fans du SCF Fribourg et il est reçu par des réfugiés syriens.
A Bruxelles, Katja Lange-Müller passe des moments mélancoliques dans un bistro surréaliste. A Fribourg, elle rencontre un orchestre de femmes dans le quartier écologique Vauban et des SDF berlinois à la gare.
A Francfort, Michela Murgia chante avec ses compatriotes. A Marseille, un des lieux de l’Euro de football 2016, elle découvre l’atmosphère de la demi-finale France-Allemagne.
A Nancy, Jordi Punti tombe de sa chaise alors qu’il est en pleine discussion politique. A Hambourg, dans le quartier Schanzen, il raconte les aventures d’un déménageur parcourant les routes d’Europe.
Sasha M. Salzmann et Tucké Royale découvrent chez un spécialiste d’art religieux les secrets d’une vie palermitaine marquée d’empreintes musulmanes, de chaises en plastique et de bistrots.
Gonçalo M. Tavares découvre chez son hôte luxembourgeoise l’importance de la migration et des langues des minorités. A Francfort, il est préoccupé par la question des savoir à quoi aspirent les habitants de la ville.
A Gênes, Annelies Verbeke se découvre un amour pour les mosaïques et fait l’expérience d’une solidarité vécue. A Schwäbisch Hall, elle découvre comment, au Cameroun, on peut avoir l’amour de la langue allemande.