Cinéma Le Mur

Berliner Mauer in der Bernauer Straße © Carsten Medom Madsen

Ma, 10.12.2019

18h30

Réalisation : Jürgen Böttcher, 96 min. couleurs et n/b, 1990, VOSTF

« Le Mur » est un compte rendu marquant du démantèlement de la frontière germano-allemande à Berlin et, en même temps, un requiem pour ce pays avec lequel le cinéaste et peintre Jürgen Böttcher a entretenu une relation intime mêlée d’amour et de haine durant 40 ans.
Photographié par des touristes japonais, démonté par des enfants turcs qui en détachent des morceaux pour les vendre, fond pittoresque pour les films tournés par d’innombrables équipes du monde entier, « le Mur » avait souvent été idéalisé dans le langage officiel des autorités est-allemandes comme représentant une « digue de protection contre le fascisme ». Böttcher et son cameraman Thomas Plenert nous livrent un témoignage des multiples activités se déroulant le long de l’ancienne « zone de la mort » à travers une approche phénoménologique, conscients que tout jugement personnel détruirait la force et le caractère unique de ces images.
Les séquences tournées dans les gares-fantômes souterraines, où des soldats des troupes frontalières, bien que déjà désarmés, accomplissent une dernière fois leur service. Ou encore les scènes du nouvel an 1990 : un homme soûl crie à tue-tête « Gorbi ! Gorbi ! », le surnom de l’homme d’État russe, en agitant une bouteille de vodka de la marque Gorbatschow.
« Le Mur » regorge de tels moments, métaphoriques sans jamais paraître forcés. Le seul commentaire sur l’histoire contemporaine (qui est en même temps une performance artistique par excellence) est constitué par la projection d’images d’archives sur un segment du mur. Les images prises aux alentours du 13 août 1961 et qui ont fait le tour du monde deviennent ainsi non seulement supportables, mais prennent une toute nouvelle dimension grâce à cette association d’images étonnante. L’édifice monstrueux qui divisait Berlin, symbole de la guerre froide pendant plus de 25 ans, devient l’écran où se projette sa propre histoire grâce à l’habileté artistique du réalisateur.
 
Claus Löser

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