Le don

le don

L‘ethnologue Marcel Mauss a montré, à l‘exemple des sociétés archaïques, que le don/contre-don est une forme de contrat social, basé sur la récipro- cité, pour appartenir à une société. L‘acceptation d‘un don établit une relation, un lien entre les êtres humains. Selon Mauss, l‘apparition de l‘ordre économique capitaliste a fait disparaître la cohésion originelle des sociétés, puisque seule l‘orientation vers le profit est devenu le seul objec- tif du commerce. Le don a été remplacé par la marchandise, l‘homme est devenu un homo oeconomicus. Dans le célèbre “Essai sur le Don“ de 1924, Mauss projetait une société qui serait fondée sur la générosité et la soli- darité mutuelle.

C‘est en référence à Mauss que s‘est formé en 2014 le groupe des convi- vialistes, un regroupement d‘une quarantaine de scientifiques et d‘intel- lectuels francophones. Face aux crises mondiales actuelles telles que la catastrophe climatique, la disparition des espèces, l‘épuisement des ressources, l‘augmentation des inégalités sociales, la multiplication des guerres et un marché des capitaux de plus en plus déchaîné, ils ont publié un manifeste qui parle de rebrousser chemin et d‘une vision positive du vivre ensemble: le manifeste convivialiste.



A leurs yeux, la racine de la crise actuelle réside dans la démesure structurelle du productivisme de la modernité:
“Il n’y a pas de corrélation avérée entre richesse monétaire ou matérielle, d’une part, et bonheur ou bien-être, de l’autre. L’état écologique de la planète rend nécessaire de rechercher toutes les formes possibles d’une prospérité sans croissance (...).


Les humains ne peuvent plus se considérer comme possesseurs et maîtres de la Nature. Posant que loin de s’y opposer ils en font partie, ils doivent retrouver avec elle, au moins métaphoriquement, une relation de don/contre-don. Pour permettre une justice écologique au présent et pour laisser aux générations futures un patrimoine naturel préservé, ils doivent donc rendre à la Nature autant ou plus qu’ils ne lui prennent ou en reçoivent“.

Ils appellent à une lutte contre la démesure, c‘est-à-dire contre l‘extrême pauvreté et l‘extrême richesse, une décroissance de l‘économie et un maxi- mum de pluralisme et de reconnaissance entre les êtres humains.
Dans les œuvres présentées ici, les artistes Wolfgang Aichner (Allemagne), Christian Etongo (Cameroun), Corentin Faye (Sénégal), Jean Marc Hunt (Guadaloupe), Justine Gaga (Cameroun), Yvon Ngassam (Cameroun), Venske & Spänle (Allemagne) et Stefanie Zoche (Allemagne) abordent le don sous l‘angle de la cohabitation humaine, de l‘économie et de l’écologie.