Montréal  « Terre d'accueil »: manifeste pour une ville verte

Illustration : un arbre avec un cœur sur le tronc © Philipp Adams, Photo: krellomat

Philipp Adams s'interroge sur la réception de ses fresques et sur leur occupation de l'espace urbain. Avec « Terre d'accueil », il présente un subtil manifeste pour la protection de nos espaces verts. 

Phillip Adams est un artiste de Philadelphie, en Pennsylvanie. Ses œuvres ont été exposées partout aux États-Unis et à Montréal au cours des huit dernières années. Ses murales et ses œuvres d'art public reflètent le vif intérêt qu'il porte au processus de collaboration, à la transition entre la création en studio et la réalisation à l'extérieur, ainsi qu'à l'interaction avec le public qui accompagne ce processus.

L´art de Philipp Adams se veut résolument interactif, il ne s´agit pas simplement ici de décorer ou d´embellir un quartier mais d´entrer dans une discussion avec ses habitants. Sortir de son studio pour créer pour Adams, c´est accepter que son art sorte du privé pour être transformé par le public.

À propos de ce processus communautaire qu'il chérit, Philipp Adams déclare ce qui suit : « En discutant avec les habitants, j'ai tout de suite compris qu'en tant qu'artiste public, vous devez résoudre des problèmes - non seulement pour créer un impact immédiat de beauté, d'appropriation et d'idée de lieu, mais aussi pour faire en sorte que les gens considèrent un lieu comme unique lorsqu'ils passent à côté » (Carly Rapaport-Stein, Light and creativity: An interview with Phillip Adams).

Illustration: un arbre avec un coeur sur le tronc © Philipp Adams, Photo: krellomat

Choisir une vue familière du Mont-Royal, quelque chose que les habitants connaissent, une vue typique d´une promenade d´un dimanche après-midi pour les mettre au milieu de chez eux, et provoquer une réflexion sur notre environnement et sa fragilité est tout sauf anodin. Adams présente ici quelque chose que l´on pourrait prendre pour acquis et qui pourtant pourrait disparaître. On peut penser ici au tempelhof feld et aux projets de construction que la communauté a toujours contestés, mais qui reviennent sans arrêt.

Les lieux de verdure dans une ville sont toujours un choix politique, et Adams nous fait prendre conscience de la nécessité de protéger la nature dans l´espace urbain. Il rappelle ainsi à la communauté mais aussi à chaque passant l´importance de conserver les poumons verts d´une ville. Son œuvre Terre d'accueil avec cette feuille de papier froissée sur laquelle est dessiné un cœur suggère notre relation compliquée à l´environnement. Le papier froissé rappelle le déchet laissé sur la voie publique par un passant, mais ici Adams lui redonne de l´importance en le plaçant au centre de son œuvre. Cette matérialité usée associée à cette vue de nature urbaine amplifie l´importance de protéger ces lieux que notre communauté utilise au quotidien, et sonne ainsi comme un rappel pour tous ceux qui passent devant ; une œuvre publique donc et ce au premier sens du terme- pour préserver nos espaces communs.

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