Une combinaison de pop expérimentale, de profondeur émotionnelle et d’esprit ludique et poétique, voilà la marque de commerce de Sophia Kennedy et de son producteur Mense Reents. Sur ce nouvel album, Squeeze Me, la chanteuse hambourgeoise compose son art-pop avec assurance à partir d'éléments aussi divers que la french house, la bossa ou l'électro-soul. Empreintes de réalisme magique et d'un humour profondément sombre, les images surréalistes qu'elle crée dans ses textes constituent un contrepoint aux compositions terre à terre et confèrent une âme à son album. Il en résulte 10 morceaux pop émouvants, dont la mélancolie et la poésie résonnent encore longtemps.
Musicienne germano-britannique et ancienne journaliste, Anika est de retour avec son troisième album studio, Abyss, une oeuvre aussi politique que personnelle. Elle y exprime sa colère et son désarroi face à l'état du monde à travers dix morceaux bruts et puissants qui, plus encore que dans ses oeuvres précédentes, utilisent l'énergie du college rock et l'ambiance de l'électronique sombre pour soutenir une voix insistante et revendicatrice. Il y est question de désinformation, du glissement politique vers la droite dans de nombreux pays du Nord global, de l'effondrement des structures démocratiques et des luttes de groupes marginalisés. Plus qu'une déclaration musicale, cet album est un manifeste politique, même si son urgence laisse entrevoir une lueur d'espoir.
L'artiste berlinois Jonathan Meese et le DJ jet-setter munichois Hell défient leur public avec leur duo Meese X Hell. Pour leur album Gesamklärwerk Deutschland, ils ont concocté une « musique d'avenir rétrofuturiste pour la médiocrité de l’époque présente en Allemagne » (Uwe Schütte dans l'amusant communiqué de presse), inspirée de sons dignes de Kraftwerk. Après s’être aventurés, sur leur premier album, dans un voyage fou à travers les styles de musique électronique les plus divers, de l'EBM à la house vibrante, ils formulent maintenant leurs préoccupations et leurs stratégies artistiques plus clairement : à partir d'une position artistique radicale, ils utilisent des sons rétro-électro minimaux et des paroles dépouillées pour critiquer fondamentalement la réalité allemande, tout en offrant le pouvoir purificateur de leur art, qu'ils jugent capable de résoudre tous les maux du présent. On s'amuse bien, qu’on adhère à la proposition ou non.
Kept outside these city walls
The tiger sang to me
From the wreckage of eternity
To his Caspian Sea
Contrairement aux adaptations cinématographiques, les adaptations musicales d'oeuvres littéraires ne sont pas courantes. L'album A Study of Losses constitue toutefois un glorieux exemple de cet art rare. Dans cette nouvelle oeuvre, Zach Condon, alias Beirut, met en musique le remarquable Inventaire de choses perdues de l'auteure allemande Judith Schalanski. À chaque chapitre, une chose disparue dans le livre refait surface, qu'il s'agisse du tigre de la Caspienne ou des chansons d'amour de Sappho. Avec de grands gestes, le pathos caractéristique de sa voix, une orchestration généreuse et une production multipiste, les objets effacés de la réalité sont ramenés à la vie par la musique. Pour y arriver, il utilise des chorals doux, des arrangements baroques, des synthétiseurs modulaires, des instruments à cordes vintage, des carillons, et bien d'autres éléments impressionants. Introspectif, poétique et plein de détails subtils, A Study of Losses ajoute une dimension aux histoires de Schalansky, tout en jetant un pont d’un passé disparu vers le présent.
Artiste en résidence au Berghain, spécialiste des synthétiseurs modulaires, DJ et productrice, Sibel Koçer, alias Jako Jako, a créé son nouvel album Tết 41 lors d'un séjour au Vietnam au moment des célébrations du Tết, ou du Nouvel An lunaire. Ce mélange magique de synthétiseurs minimalistes et d'extraits audio enregistrés sur le terrain vous plongera dans l'atmosphère unique de ces festivités. Dans ces arrangements aérés, elle capte les couleurs, l'atmosphère, les odeurs et les sons du printemps vietnamien et met en musique ce récent voyage dans le pays natal de sa mère. Les morceaux sont des souvenirs sonores de ses impressions de ce pays qui lui est étranger, le témoignage de sa quête identitaire et, pour les auditeurs, l'expérience fascinante d'une histoire sans images, mais aux millions de couleurs.