Ach, wenn ich nur könnt’ ich würde singen
laut und schön
Ich würde singen tanzen lachen
Und den Leuten Freude machen
[Ah, si seulement je pouvais, je chanterais fort et bien Je chanterais, danserais, rirais Et rendrais les gens heureux ] Erobique & Jacques Palminger avec Angelika Richter, « Wenn ich könnte, würde ich singen »
C'est un projet artistique de l'Académie des beaux-arts de Stuttgart qui a donné naissance à un groupe pop : sous le nom de Horizontaler Gentransfer, six artistes combinent l'art pop réduit à l'essentiel à des influences K-pop et punk. Ce mélange original tenait compte des différents parcours migratoires des membres du groupe, mais sur leur deuxième album Everything Possibbong, qui vient de sortir, ils vont encore plus loin. Le groupe reprend le style populaire coréen Bbong (également connu sous le nom de Trot), une variante quelque peu désuète de la pop coréenne qui remonte à la période coloniale japonaise en Corée dans la première moitié du XX^e siècle. Le compositeur allemand Franz Eckert, entre autres, avait travaillé en Extrême-Orient, notamment au Japon et en Corée, et avait étendu l'influence de la musique occidentale. Ainsi, pour certains membres du groupe profondément enracinés dans la culture coréenne, le cercle culturel est bouclé. Lors de ses concerts, le groupe porte également des costumes qu'il confectionne lui-même afin de « dérouter » son public et de le stimuler. Il devient ainsi une œuvre d'art totale alliant posture, style et attitude, et échappe aux critères de qualité habituels du marché de la pop.
Martin Stimming travaille comme un musicien purement électronique, mais ses sources sont souvent organiques. Le Hambourgeois travaille avec des enregistrements de terrain qu'il réalise lui-même, des sources sonores originales, des instruments acoustiques qu'il sample lui-même et des bleeps, plunks et whirrs assemblés avec amour. Plus encore que ses derniers albums, son nouvel opus est une exploration des profondeurs émotionnelles de la deep house, qui porte bien son nom. Il bourdonne, respire et pulse sur de vastes surfaces, avec une base solide et toujours présente de basses. Le nouvel album Friedrich est un joyau exploratoire, harmonieux et profondément humaniste de la musique semi-électronique de ce millénaire, dont le calme dégage plus de puissance qu'un mur de guitares.
Le groupe de Cologne Grenzkontrolle, mené par le poète et acteur Don L. Gaspár Ali, porte un regard critique sur la vie quotidienne en Allemagne, et plus particulièrement sur la montée de l'extrémisme de droite, qui est au cœur de leurs textes. Le quatuor transpose son énergie rageuse sans les poses typiques du punk rock : guitares distordues, percussions agressives, cris sauvages. Au contraire, ils arrangent leurs morceaux avec parcimonie et goût, à la manière des post-punks du début des années 80. Tout semble mûrement réfléchi et mis en œuvre avec compétence, aucun son n'est superflu, les grandes mélodies sont totalement absentes et seule la parole est exagérée. Celle-ci, toutefois, moins chantée que criée, est dure et sans compromis, comme l'exige la situation sociale selon le groupe.
Sur son nouvel album, le troisième, intitulé Sonor, la chanteuse mongole Enji réussit une fois de plus à associer le folk traditionnel de son pays natal à un jazz fragile, accompagnée cette fois-ci par un groupe de jazz complet dirigé par son guitariste et compagnon de longue date, Paul Brändle. Sans effort apparent et toujours en pleine maîtrise, la chanteuse basée à Munich navigue entre des standards de jazz tels que Old Folks, des morceaux de pop mongole comme Eejinhee Hairaar et ses propres compositions (et celles de Paul Brändle), dans lesquelles elle démontre sa maturité et sa profondeur en tant que compositrice. L'un des morceaux phares est Unadag Ugui, dont les paroles sont en allemand, et dans lequel elle aborde les particularités et les défis de sa vie interculturelle. Dans l'ensemble, cet album marque une nouvelle fois une avancée significative pour une artiste exceptionnelle dont le potentiel semble inépuisable.
Erobique & Jacques Palminger
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@ Anne Backhaus
Erobique et Jacques Palminger, deux musiciens hambourgeois que le public local a l'habitude de voir dans diverses configurations (en tant que comédiens, musiciens ou acteurs), ont lancé un appel sur leurs sites web pour que les gens leur envoient des textes et des idées de chansons. Ils ont loué un studio et ont attendu de voir ce qui allait se passer. La réponse a été énorme, avec plus de 300 idées reçues. Ils en ont sélectionné les plus belles, invité un tas de collaborateurs et se sont simplement lancés. Disco, easy listening, bossa, chanson – Songs For Joy auf der Veddel est exubérant, joyeux, triste, kitsch, cool et tout cela à la fois. Chaque chanson est un aperçu d'un autre univers mental, toujours maintenu par une petite poignée de musiciens et des dizaines d'invités, et constitue un immense plaisir ainsi qu'un témoignage précieux de la capacité des gens à s'écouter, à se prendre au sérieux et à créer ensemble.
