«  What Marielle Knows »
Agir sans écoute

Laeni Geiseler : Marielle
Laeni Geiseler : Marielle | © Alexander Griesser

Pour les blogueurs* de la Berlinale du Collège Maisonneuve, Ophély Coallier et Clémence Lallier-Lafleur décrivent leurs impressions sur le film en compétition de Frédérick Hambalek, « Was Marielle weiss », présenté en avant-première à la Berlinale 2025.

De Ophély Coallier et Clémence Lallier-Lafleur

Was Marielle weiß, long métrage réalisé par Frédérick Hambalek, a été présenté pour la toute première fois cette année à la 75e Berlinale. Ce long métrage allemand vient mélanger toutes sortes de genres cinématographiques en restant captivant du début à la fin. On passe du mélodrame à la comédie, notamment la satire. Sans camoufler le message, on rend plus léger l’enjeu présenté, soit l’intrusion de la vie privée. Si l’esthétique du film n’est pas particulièrement intéressante, son histoire vaut le détour!

 

Voyeurs de la vie privée

Tout d’abord, le long métrage de Hambalek travaille essentiellement le concept du voyeurisme. En effet, c’est l’histoire d’une famille qui ne va pas nécessairement bien, dans laquelle leur fille développe le don de voir et d’entendre tous les gestes de ses parents. Cela porte à réfléchir au sujet du film, car tout ce que Marielle voit, nous le voyons en même temps qu’elle. C’est un concept fort intéressant, puisque le réalisateur laisse le spectateur être voyeur du voyeurisme que possède la jeune fille par un effet de mise en abîme très efficace. Par exemple, dans une scène spécifique, les parents de Marielle ont une conversation et la caméra s’avance derrière eux dans un mouvement de pas. Nous sommes donc en point de vue subjectif, comme si nous marchions vers eux. Il est alors sous-entendu que la jeune fille les écoute. Aussi, le long métrage porte beaucoup à réfléchir sur le fait que les parents peuvent se permettre d’espionner dans la vie de leurs enfants, mais pas l’inverse ? C’est un enjeu assez lourd qui cause souvent des conflits dans les familles, duquel on aurait pu imaginer un film plus dramatique. Cependant, le réalisateur a décidé de faire de son film une comédie satirique, ce qui le rend encore plus intéressant et original. Sans aller dans la démesure et l’exagération, comme dans Triangle of Sadness de Ruben Östlund par exemple, le réalisateur réussit à créer un équilibre efficace entre malaise et humour.

Une famille stéréotypée

Le choix des personnages par le réalisateur est très ingénieux, car ensemble, ils permettent de créer la satire. À cet effet, le réalisateur prend des personnages stéréotypés pour construire la famille. On a un père très naïf, qui ment très mal pour essayer d’impressionner les siens, une mère qui s’ennuie dans son couple et une jeune adolescente arrogante. Ce mélange de caractères joue beaucoup sur les réactions de chacun d’entre eux lorsqu’ils découvrent que leur vie est exposée aux yeux de leur fille, ce qui vient créer un chaos de réactions démesurées et d’humour. Bref, il y a quelque chose de particulièrement unique avec le choix de ton pour ce long métrage, qui se marie parfaitement avec son message. En bref, si l'œuvre de Frédérick Hambalek Was Marielle weiß vaut le détour, c’est parce qu’elle pose des questions éthiques importantes telles que comment les comportements humains changent quand nous savons que nous sommes observés, mais aussi et surtout qu'est-ce que les enfants devraient savoir sur la relation de leurs parents.