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Livres en langue allemande pour enfants et adolescents

Des enfants lisent des livres
Livres en langue allemande pour enfants et adolescents | Photo (détail) : Colourbox.com

Une longue liste de questions auxquelles il est difficile de répondre caractérise depuis de nombreuses années les débats autour de l’état et de l’avenir de la littérature pour les enfants et les adolescents en langue allemande. En ce moment, les thèmes récurrents sont par exemple les suivants : comment s’expliquent le manque de volonté des parents de lire à haute voix, l’absence de plus en plus grande des adolescents et des jeunes mamans dans les librairies, le manque de concepts convaincants pour les offres numériques venant en complément des livres, ou bien encore l’harmonisation des programmes éditoriaux qu’on aime à critiquer et qui s’orientent, tendant tous à publier la même chose, vers un soi-disant mainstream ? De quelle manière ces phénomènes sont-ils liés entre eux ? Et comment s’articulent-ils face à la volonté partout affichée de faire des efforts dans le domaine de l’éducation ?

Au premier coup d’œil, la situation ne semble néanmoins pas si mauvaise. Environ 9 000 titres paraissent chaque année, dont à peu près les deux tiers sont écrits par des auteurs de langue allemande. À cela s’ajoute que le volume des ventes de livres de littérature pour enfants et adolescents a beaucoup moins diminué que celui de la littérature générale, même si on note des disparités importantes en fonction des groupes visés au sein de la littérature jeunesse, celle-ci constituant toujours dans son ensemble le deuxième segment du marché du livre, juste après la littérature générale.
 

  • Tintenblaue Kreise © Luftschacht Verlag
    Tintenblaue Kreise
  • Und dann platzt der Kopf © kunststifter verlag
    Und dann platzt der Kopf
  • Wolfsbrot © kunstanstifter verlag
    Wolfsbrot
 
Ceux qui cherchent toujours la même chose trouveront ce qu’ils veulent parmi les innombrables livres présentant de plus ou moins mignons ours polaires ou autres licornes, ou parmi les pavés de littérature fantasy en langue allemande qui, bien que donnés pour morts à plusieurs reprises, ne se font pas rares pour autant. Une offre très variée existe depuis des années dans la programmation éditoriale, ce qui s’explique largement par l’élan donné par de nouvelles petites maisons d’édition qui publient des livres originaux, telles luftschacht en Autriche qui présente aussi bien des romans provocants ou des romans graphiques pour adultes que des livres pour enfants percutants comme Tintenblaue Kreise (Les cercles bleus) de Michael Roher, ou Kunstanstifter en Allemagne qui propose des livres illustrés surprenants au plan esthétique, qui ont déjà obtenu des prix et pour lesquels on ne saurait dire clairement de prime abord s’ils sont destinés à de jeunes lecteurs ou à leurs aînés, comme en 2017 Wolfsbrot (Pain de loup) de Kilian Leypold et Ulrike Möltgen, ou en 2014 Und dann platzt der Kopf (C’est alors que la tête explose) de Christina Röckl.
 
  • Bluma und das Gummischlangengeheimnis © Carl Hanser Verlag München 2017
    Bluma und das Gummischlangengeheimnis
  • Der geheimnisvolle Koffer von Herrn Benjamin © NordSüd Verlag
    Der geheimnisvolle Koffer von Herrn Benjamin
  • Schornsteiner © Beltz Verlag
    Schornsteiner
 
Les plus exigeants en matière de livres ont l’embarras du choix tant au niveau des contenus que du graphisme. Dans la catégorie des albums, des éditeurs suisses comme NordSüd avec Der geheimnisvolle Koffer des Herrn Benjamin (La valise mystérieuse de Monsieur Benjamin) de Pei Yu Chang en 2017, ou comme atlantis (avec notamment les projets de Kathrin Schärer et Lorenz Pauli), mais aussi des éditeurs allemands comme Gerstenberg (avec les livres de Julie Völk) ou Beltz &Gelberg avec Schornsteiner en 2017 de Nikolaus Heidelbach, donnent à lire depuis des années des travaux toujours ambitieux et originaux, encourageant régulièrement de nouveaux illustrateurs parmi la jeune génération. Dans la littérature pour enfants, le récit mise de plus en plus sur l’illustration et parvient surtout à convaincre quand les illustrations apportent davantage qu’une mise en image du texte, comme dans Bluma und das Gummischlangengeheimnis, (Bluma et le secret des serpents en chewing-gum) de Silke Schlichtmann et Ulrike Möltgen (Hanser, 2017) ou encore dans les différents volumes de la série Les metteurs en scène racontent aux enfants qui paraît chez mixvision. Ou bien ils jouent en mélangeant textes narratifs et éléments de la nouvelle graphique, spécialité dans laquelle se sont surtout illustrés Martin Baltscheit et Finn-Ole Heinrich ces dernières années avec des exemples convaincants. Les thèmes sont très divers, ils vont du gentil récit de vacances à l’histoire exemplaire d’un garçon qui se sort d’une entreprise de harcèlement en sauvant ses ennemis d’une situation très difficile. Les ouvrages de jeunes auteurs comme Lena Hach, Kirsten Reinhardt ou Oliver Scherz côtoient les livres d’auteurs confirmés comme Jutta Richter, Paul Maar, Cornelia Funke ou Andreas Steinhöfel. En ce qui concerne les essais, à côté d’ouvrages ludiques dont les thèmes sont issus de domaines scientifiques comme l’archéologie ou l’espace, des sujets politiques trouvent également leur place dans des ouvrages illustrés, par le biais de livres sur les droits des enfants ou sous la forme de réponses à des questions d’enfants, comme dans Wenn ich Kanzler von Deutschland wär (Si j’étais le chancelier allemand) de Jan von Holleben et Lisa Duhm, paru en 2017 aux éditions Thienemann. En revanche, la vague des livres bien pensants sur la thématique des réfugiés semble en perte de vitesse. Et on n’explique toujours pas le fait que, dans une société multiculturelle comme la nôtre, les individus de couleur ou portant un foulard apparaissent presque toujours dans des contextes de crise, en tant que victimes, individus persécutés ou même coupables.
 
  • Wenn ich Kanzler(in) von Deutschland wär ... © Thienemann-Esslinger Verlag
    Wenn ich Kanzler(in) von Deutschland wär ...
  • Endland © Carl Hanser Verlag München
    Endland
  • Was wir dachten, was wir taten © Beltz Verlag
    Was wir dachten, was wir taten
  • Bis die Sterne zittern © Gerstenberg Verlag
    Bis die Sterne zittern
 
Dans le secteur de la littérature Jeunesse dont les frontières avec les livres pour adultes ou pour tous les âges sont floues, il en va de façon plus radicale.
Cela vaut pour les œuvres romantiques ou de fantasy qui combinent amour et héroïsme comme pour les livres plus engagés qui se consacrent à des problèmes actuels ou à la crise d’identité, par exemple en ayant recours à la science fiction pour évoquer la question du refoulement des réfugiés aux frontières d’États autoritaires puissants (Martin Schäuble, Endland, Hanser, 2017). De la même manière, le thème de la folie meurtrière n’a pas encore perdu de son attractivité (Lea-Lina Oppermann, Was wir dachten, was wir taten - Ce que nous pensions, ce que nous faisions - Beltz & Gelberg, 2017) et le traitement du sujet de la vie dans l’Allemagne nazie est toujours en quête de nouveaux thèmes et de nouvelles formes pour évoquer le passé allemand de façon adaptée pour les jeunes générations de lecteurs (Johannes Herwig, Bis die Sterne zittern  ; Et les étoiles trembleront - Gerstenberg 2017).
 
Des romans actuels comme ich #wasimmerdasauchheißenmag (moi#cequecelapeutbienvouloirdire) de Sarah Michaela Orlovský (Tyrolia, 2017) et Vierzehn (Quatorze) de Tamara Bach (Carlsen 2016) illustrent à quel point la forme romanesque peut prendre scrupuleusement en compte la remarque de Peter Härtling selon laquelle les livres pour la jeunesse doivent constamment renouveler leur style pour exprimer leurs incroyables expériences initiatiques. Les deux ouvrages ne dépassent qu’à peine les limites d’un quotidien apparemment paisible mais utilisent de manière très différente toutes les formes d’expression qui sont à la disposition de leurs jeunes héroïnes : le journal intime et les e-mails, les SMS et le monologue intérieur. Le ton adopté n’est cependant ni obséquieux ni faussement jeune ; on pourrait peut-être dire qu’il ressemble à la manière dont les adolescents voudraient parler, c’est-à-dire de manière plus expressive et plus nuancée.
 
  • ich #wasimmerdasauchheißenmag © Tyrolia
    Bis die Sterne zittern
  • Vierzehn © Carlsen
    Vierzehn
  • Ellbogen © Carl Hanser Verlag
    Ellbogen
 
Depuis un certain temps déjà, les livres sur les jeunes adultes viennent enrichir le secteur du livre Jeunesse : ceux-ci n’apparaissent pas dans les catalogues de livres Jeunesse mais sont destinés aux adultes. Certes, le débat autour des ouvrages dont le public cible ne serait pas limité à une classe d’âge s’est apaisé, mais cela n’a rien changé au phénomène de l’adolescence prolongée. Et une histoire aussi tumultueuse que celle du livre de Fatma Aydemir, Ellbogen (Coude), paru chez Hanser en 2017 et dont l’action se passe en Allemagne et à Istanbul, fait de l’ombre à l’offre habituelle des éditeurs Jeunesse pour illustrer les thèmes de l’intégration, des migrations et de l’identité.