James O'Callaghan - un portrait
Écouter-percevoir l’espace du son

James O'Callaghan
© Aaron Sivertson

Le Goethe-Institut de Montreal tient à souligner la résidence de création en musiques nouvelles décernée à James O'Callaghan au centre HELLERAU – Europäisches Zentrum Der Künste à Dresden en partenariat avec le Conseil des arts et des lettres du Québec et Le Vivier – Carrefour des musiques de Montréal. Ce séjour de recherche-création se déroulera du 15 octobre au 15 décembre 2017.
 

« La spatialisation de la musique est aussi fondamentale au moment de l’écriture que la construction générale de l’œuvre, que l’harmonie ou que le rythme »

Karlheinz Stockhausen, cité par Francis Dhomont, «Éditorial», dans L’espace du son II, Éd.  Musiques et  Recherches, Ohain, 1991, p. 5. 

Artiste sonore et compositeur montréalais, James O'Callaghan possède à son actif une feuille de route très remplie. Il détient une maîtrise en musique (2014) de l’Université McGill, sous la direction de Philippe Leroux et a reçu un baccalauréat en beaux-arts de l'Université Simon Fraser en Colombie-Britannique, où il a étudié avec Barry Truax et participé à des ateliers en autres avec les compositeurs Christopher Butterfield et R. Murray Schafer. Il a déjà pris part à de nombreux festivals au Canada et à l’étranger et a composé des pièces pour des formations établies, telles que le quatuor de saxophones Quasar et le Quatuor Bozzini de Montréal.La musique d’O'Callaghan s’inscrit dans une démarche contemporaine touchant à un large spectre de formes sonores : musique de chambre, orchestrale, de l’électroacoustique en direct, de l’acousmatique, des installations sonores et des performances in situ. Le compositeur signe une musique bien personnelle, qui possède sa propre couleur ancrée dans l’imprévisible : tout en s’influençant des traditions, il se dégage d’en suivre une seule à la lettre. La musique d’O’Callaghan, qui demande une écoute attentive, fait émerger des réflexions d’ordre matériel : les matériaux sonores utilisés -instruments de musique, field recordings puisés de la nature ou de l’environnement urbain, amplification d’objets du quotidien et procédés électroniques- sont trafiqués et par conséquent le rapport geste-effet se trouve souvent brouillé.


James O'Callaghan James O'Callaghan | © Anna van Kooji En concert, O’Callaghan ne propose pas de musique fixe mais au contraire articule une musique d’action, c’est-à-dire que la transformation, l’intervention et la manipulation en direct font partie de son lexique de production. Ainsi, le geste du performeur intègre minutieusement la démarche du compositeur. Ce qui résulte à une musique d’instruments et d’objets agités de tensions, torsions, grincements, ouverte aux bruits fracassants et à un éventail sans fin de textures. Une musique qui expose des structures compositionnelles expérimentales, dépourvues de hiérarchie esthétique, et orientée vers le processus.

L’un des champs de recherche du musicien lié à l’action comprend le mimétisme instrumental. Interprétée en septembre dernier au Conservatoire de musique de Montréal, Xeno (2017) pour voix et électronique démontre bien le concept : la pièce présente un flot constant de transformations vocales produites par la chanteuse soprano Sarah Albu qui imite des sons d’animaux en parallèle à la diffusion d’une pièce sur bande. Souvent les vocalisations de Albu se fusionnent et se confondent aux sons d’animaux sur l’enregistrement. Des silences ponctuent la trame, créant des pauses afin de mieux relancer la voix percussive, bruitiste, voir stidente.

Un autre thème cher à O’Callaghan est celui de l’amplification d’objets du quotidien et d’instruments de musique. La pièce acousmatique Empties-Impetus (2015), diffusée au même concert au Conservatoire, explore la sonorité des corps d’instruments, qui constituent un quatuor à corde traditionnel, en disposant de micros et de transducteurs dans ces derniers. Il détourne de la sorte les instruments de musique icôniques en leur donnant d’autres rôles et de nouveaux timbres. La diffusion en concert devient transformée avec les petites sonorités qui sortent de la lutherie, acoustique d’espaces intérieurs. Il se consacre aussi à l’amplification de guitares acoustiques, de pianos jouets et d’objets, comme des livres, voir les œuvres antérieures Reasons (2012) pour livres amplifiés et électroniques et Opinions (2014) destinée à un quatuor de livres amplifiés. En 2016, il sortait le disque Espaces tautologiques sur l’étiquette montréalaise d’électroacoustique empreintes DIGITALes. Le titre donne un indice sur la forme. Il s’y trouve donc des répétitions et variations autour de l’étude de propriétés réverbérantes des espaces acoustiques (voir le texte du programme). Peut-être qu’O’Callaghan fait aussi un clin-d’oeil au concept de tautologie chez le compositeur Luc Ferrari?

Écouter les créations de James O’Callaghan nous permet de découvrir une musique concrète percutante, pleine de surprises qui entrelace avec finesse l’espace du son et les objets sonores.

La résidence en Allemagne lui confère un contexte propice qui lui permettra de développer davantage son propre langage et univers sonore.
 

Plus d'information sur la résidence en musiques nouvelles offerte par le Goethe-Institut Montreal, le Conseil des arts et des lettres du Québec et Le Vivier – Carrefour des musiques nouvelles:
 Résidence en musiques nouvelles