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Réconciliation en Allemagne et au Canada
Se réconcilier avec le passé

Reconciliation
© Shutterstock

« En raison de notre histoire, je ne pourrai jamais être fière d’être allemande. »

La déclaration de ma camarade de classe m’avait surpris, car je n’avais jamais entendu quelqu’un dire une chose pareille au Canada.

De Waubgeshig Rice

Mais j’avais compris son point de vue, car le monde entier était depuis longtemps conscient de l’histoire honteuse dont elle parlait. À l’époque, tout le monde était au courant du régime brutal d’Hitler. Mais dans mon pays, outre les autochtones, personne ne connaissait vraiment l’histoire violente et atroce du Canada.

effacer leur culture et leur identité

Nous étions assis dans un café près du Gymnasium Brake à l’automne 1996. C’est là que j’ai étudié dans le cadre d’un échange avec le Rotary International. J’étais en Allemagne depuis environ cinq mois et je maîtrisais suffisamment bien l’allemand pour pouvoir discuter avec deux amis de l’histoire de nos pays.
 
Je leur ai expliqué le système des pensionnats indiens canadiens qui a volé et brutalisé les enfants autochtones pendant plus d’un siècle. Le gouvernement voulait effacer leur culture et leur identité, et a largement réussi, causant la mort et un héritage tragique de traumatismes et d’abus. Notre discussion n’a duré que 15 minutes entre les cours. Pourtant, elle était plus complète que toutes les discussions que j’avais eues avec mes camarades blancs sur l’histoire du génocide au Canada.
 
J’ai alors compris que l’Allemagne et le Canada étaient deux pays différents avec deux approches très différentes pour reconnaître leur histoire honteuse. Tandis que l'Allemagne paraissait vouloir miser sur l'éducation à propos des  atrocités commises, le Canada, lui, semblait davantage intéressé par le maintien de la paix intérieure (et extérieure), et ce à un terrible prix.

L'objectif commun d’un avenir prometteur

Près d’un quart de siècle plus tard, toutefois, le Canada a pris des mesures pour reconnaître ses crimes contre les peuples autochtones. En 2008, le gouvernement fédéral a finalement présenté ses excuses aux survivants du système des pensionnats pour les avoir arrachés à leur famille et à leur communauté et les avoir soumis à la violence. La Commission de vérité et réconciliation a suivi peu après, parcourant le pays pour recueillir les récits des survivants afin de découvrir la vérité sur les actes déplorables du Canada et de s’assurer qu’ils ne se reproduiront plus.
 
Aujourd’hui, le mot « réconciliation » est prononcé chaque jour dans les communautés à travers le Canada. Au cours des cinq années qui se sont écoulées depuis que la Commission de vérité et de réconciliation a publié son rapport final et ses appels à l’action, la réconciliation en est venue à représenter différentes choses pour différentes personnes. Pour certains, elle signifie un objectif commun d’un avenir prometteur. Pour d’autres, elle signifie la restitution des terres autochtones à leurs intendants légitimes au sens propre du terme. Et pour d’autres encore, elle a été discutée si souvent, avec des actions apparemment insignifiantes, qu’elle ne signifie rien du tout.
 
Et c’est là que l’art entre en jeu. Nous avons ici une collection étonnante d’interprétations de la réconciliation et de la réparation, provenant à la fois de l’Allemagne et du Canada. Les voix et les expériences sont diverses et puissantes. Il est essentiel de comprendre ces perspectives poignantes pour poursuivre les discussions pour les générations à venir.