Série de films « Tel qu'on le voit » | « L'expression des mains » de Farun Harocki

Wie man sieht © Harun Farocki

Ven, 15.03.2024

18h00

Cinémathèque québécoise

Projection de films | HOMMAGE À HARUN FAROCKI

Cycle de films conçu par Rémy Besson et Philippe Despoix (Centre de recherches intermédiales) ainsi que Regine Strätling (Centre canadien d'études allemandes et européennes), regroupant une sélection d'oeuvres de Harun Farocki et présenté en collaboration avec le Goethe-Institut et la Cinémathèque québécoise. Considéré comme un important représentant du cinéma expérimental et documentaire allemand, Harun Farocki aurait fêté son 80e anniversaire cette année. Le 30 juillet 2024 marquera également le dixième anniversaire de sa mort.

Tel qu'on le voit

Wie man sieht
Allemagne, 1986, 72 min., vidéo, version originale sous-titrée en français

Mon film Tel qu’on le voit est un long métrage avec beaucoup d'action. Il parle de filles dans des magazines pornographiques, qui reçoivent un nom, et de morts sans nom dans une fosse commune, de machines si laides qu'un revêtement doit protéger l'œil de l'ouvrier, et de moteurs trop beaux pour être cachés par le capot, de techniques de travail qui tiennent à la collaboration entre la main et le cerveau ou qui veulent y mettre fin.

Mon film Tel qu’on le voit est une dissertation ou un film-essai. L'appareil d'opinion actuel est une grande gueule et peut-être une déchiqueteuse. Je transforme les lambeaux en un texte nouveau et organise ainsi une chasse au trésor. Mon film est composé de nombreux détails et établit entre eux de nombreuses relations image-image, mot-image et mot-mot et peut donc remplir une soirée. J'ai cherché et trouvé une forme dans laquelle on peut mettre beaucoup de choses avec peu d'argent.

(Harun Farocki)

 

L'expression des mains

Der Ausdruck der Hände
Harun Farocki 
Allemagne, 1997, 30 min., vidéo, version originale sous-titrée en français

La main représente le toucher, mais le cinéma doit transformer toutes les perceptions sensorielles en regards. Les premiers gros plans de l'histoire du cinéma se sont concentrés sur le visage humain, les suivants sur les mains. Souvent, les mains doivent révéler quelque chose que l'expression du visage veut dissimuler : par exemple, lorsque la main écrase un verre sans que l'on puisse lire une émotion sur le visage. Bien que les mains soient aussi un signe distinctif d’une personne, le cinéma ne présente presque jamais quelqu’un à travers un regard sur ses mains. Qui l'on est et ce que l'on est se lit dans un film sur le visage, et c'est là aussi qu'un film cherche l'âme de quelqu’un. Les mains ont quelque chose d’instinctif. Elles sont comme les petites gens : on ne peut pas vraiment les distinguer les unes des autres. Elles font leur travail sans trop faire semblant. La main filmée invite l'imagination à la considérer comme un petit animal qui marchent à quatre pattes. Il existe tout un genre dans lequel la main cesse de servir son propriétaire pour devenir indépendante. Une fois libérée, elle veut étrangler des cous et, en guise de punition, on la cloue volontiers sur un piano, par exemple. Maintenant, elle s'agite et frétille, et suscite moins de compassion qu'un rat.

(Harun Farocki)

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