Musique actuelle d'Allemagne
Popcast
Enji © Hanne Kaunicnik
Popcast Septembre 2023
Avec de la musique de:
Enji |
Squama
Vincent von Flieger |
Ghost Palace
Skuff Barbie |
365xx
LOBSTERBOMB |
Duchessbox
Wareika |
Ornaments
Auteur: Ralf Summer
Locateur (Anglais): David Creedon
Voix de femme haut-parleur (Anglais): Louise Hollamby Kühr
Everything is going wrong
But I really love this song
Lobsterbomb, « I Love This Song »
Enji | © Hanne Kaunicnik
La chanteuse de jazz mongole
Enji a enregistré son troisième album
Ulaan avec le remarquable label munichois Squama dans le studio Mastermix d'Unterföhring. Comme pour son précédent album,
Ursgal, les compositions sont essentiellement calme : elles allient la musique, la langue et le storytelling traditionnels mongols au folk et au jazz d'aujourd'hui. Deux musiciennes brésiliennes, l’une à la clarinette et l’autre à la batterie, se joignent au trio et contribuent ainsi largement et de manière stupéfiante à la qualité stylistique de cette œuvre exceptionnelle, d’une grande beauté et sublime.
Vincent von Flieger | © Aurelie Raidron
Le folk électronique de
Vincent von Flieger a quelque chose de magique. Dans ce deuxième album, intitulé
Mechanisms of Maximalism, le quatuor de Nuremberg allie de charmantes compositions d'auteurs-compositeurs-interprètes à de subtiles plages composées de cuivres modifiés, de chœurs éthérés, de percussions acoustiques-électroniques sèches et de différents instruments à cordes. Les onze chansons, pour lesquelles le groupe a besoin d’à peine 38 minutes, semblent aller droit au but, tout semble réfléchi et exécuté avec précision. Un petit chef-d'œuvre facile à sous-estimer qui, espérons-le, sera tout de même écouté là où on peut l'apprécier.
Diese Stimme Kapital
[Mon capital, c’est ma voix]
Skuff Barbie, « Meine Freunde, eure Feinde »
Skuff Barbie | © Katharina Töws
On ne peut qu’admirer l'univers musical de
Skuff Barbie, de Münster, dans
Passiflora, son premier album sorti récemment sur le fameux label 365XX. Avec son dancehall germanophone, aux influences hip-hop et R&B, elle fait figure d'exception dans le paysage musical allemand et assume ce rôle avec une énorme confiance en elle et une grande maîtrise artistique. Son atout le plus précieux, comme on peut l’entendre dans
Meine Freunde, Eure Feinde, est sa voix, qui semble planer sans effort à travers les morceaux, qui sont courts et variés. En intégrant différents styles musicaux dans son travail, elle a su développer un style qui lui est propre.
Lobsterbomb | © Sophia Giesecke
Du garage rock comme dans le bon vieux temps : voilà la marque de commerce du trio berlinois
Lobsterbomb. Son premier album,
Look Out, qui vient tout juste de sortir – et en vinyle rouge de surcroît – se distingue par les morceaux pimpants, de deux minutes et demie environ, qui le composent. Les chansons courtes et directes, aux textes souvent plus criés que chantés sur la vie festive et déjantée du groupe, le son éraillé des guitares et la batterie qui se déchaîne nous résonnent longtemps dans la tête. Il serait erroné de considérer le trio comme une troupe rétro, amusante – car derrière la façade haut en couleur se cache un contre-projet artistique passionnant, qui se démarque du paysage pop actuel plutôt conformiste et qui vaut vraiment la peine d'être pris au sérieux.
Wareika | © Signe Reibisch
C'est de Hambourg, au nord de l'Allemagne, que vient le trio
Wareika, dont les morceaux downbeat tentaculaires et tendus semblent être un écho des étés passés. Comme si les improvisations de guitare écoutées toute leur vie sur les plages du sud de l'Europe avaient été volées par bribes dans le sampler, pour être aujourd'hui, des années plus tard, habilement recomposées sur
Tizinabi, aux côtés de douces grosses caisses, de pianos et d'autres trouvailles de la boîte à musique électronique. Et comme il se doit, l'album est accompagné d'un mix global, car le projet est hébergé sur le label berlinois Ornaments.
Popcast août 2023
Avec de la musique de:
JJ Whitefield |
Madlib Invazion Music Library Series
Kosmo Kint |
Toy Tonics
Palila |
Devil Duck
Sepalot |
Eskapaden
V.A. 365 XX Vol. 1 |
365xx
Auteur: Ralf Summer
Locateur (Anglais): David Creedon
Voix de femme haut-parleur (Anglais): Louise Hollamby Kühr
JJ Whitefield © Stefanos Notopoulos
Au cours des deux dernières décennies,
JJ Whitefield a déjà mené plusieurs sous-genres en tant que guitariste, producteur et leadeur du groupe. Les productions de cet innovateur dans le domaine du kraut expérimental, du deep funk et du néo-jazz sont d'une qualité intemporelle. Depuis son adolescence, il est un collectionneur obsessionnel de disques. Aujourd'hui, il atteint un nouveau niveau avec ses débuts dans le kraut-jazz pour Kyptox Music : le nouveau label allemand doit montrer tout ce qui bouge dans l'underground néo-jazz en pleine croissance et réussit à combiner le jazz éthiopien avec le funk psychédelique.
Welcome to the groove religion
Come join the groove religion
Leave your problems at the groove religion
Things get better at the groove religion
Kosmo Kint, « Groove Religion »
Kosmo Kint © Max Popisil
Kosmo Kint écrit des chansons qui changent le récit habituel marqué par le chagrin des chanteurs dans le genre de la musique de danse soul : avec une perspective humoristique, elles traitent des leçons de vie et mettent l'accent sur les choses simples. Né et élevé à New York, Kosmo Kint a fréquenté des écoles d'art et de musique renommées et a déjà partagé la scène en tant que chanteur de background avec des grands noms comme Elton John, Alicia Keys et Winton Marsalis. En 2016, Kosmo a quitté NYC pour le melting-pot créatif de Berlin, où il réside encore aujourd'hui. Avec le Toy Tonics Crew, il allie sa sensibilité pour le R&B américain, la soul et le hip-hop au son disco et house chaud caractéristique du groupe.
Palila © duffé
Palila était autrefois le nom de l'oiseau de passereaux endémique de Hawaii – et c'est aujourd'hui celui que le chanteur, auteur-compositeur et guitariste Matthias « Mattze » Schwettmann et le bassiste Christoph Kirchner ont choisi pour leur groupe commun lorsqu'ils l'ont fondé en 2019. Avec
Try To Fail Again, les Hambourgeois ont publié le deuxième single de leur album
Mind My Mind, sorti en mai.
Le single parle du fait qu'il est normal d'échouer. Entre toute la noirceur du contenu, le son est porté par une harmonie réconfortante et une certaine effervescence : la mise en musique d'un bonheur passager et d'un tube indie rock à part entière.
Your bus is late again
While you’re yelling at some guy
Who rides his bike on the wrong side of the road.
Palila, « Try To Fail Again »
Sepalot © Christian Brecheis
Lorsque le DJ
Sepalot joue dans un club, il ne garantit pas seulement une salle comble, mais aussi un feu d'artifice musical, libre de toute contrainte artistique. Avec un mélange sauvage de hip-hop, de jazz, de soul et de funk, il traîne derrière lui un sillon d'enthousiasme depuis le début des années 90. Pour son premier album solo, il a donné une nouvelle touche électrique à neuf classiques d'AC/DC et a entrepris une vaste tournée au Proche-Orient à l'invitation du Goethe-Institut. Il n'a jamais perdu le contact avec lui-même, joue régulièrement dans des clubs entre ses innombrables projets et ne se laisse pas enfermer dans une case musicale.
Mariybu & Skuff Barbie © 365XX
365XX naît en 2020 – à un moment où tous les signes sont au changement et où il y a enfin plus de débats sur la diversité devant et derrière la scène. C'est le premier label de musique en Allemagne qui offre une plateforme exclusivement aux artistes féminines, trans et non-binaires.
Outre que Die P, qui a déjà été présentée ici dans le Popcast, sept autres artistes au total sont représentées sur le disque
Vol. 1 — et chacune d'entre elles est unique. L'éventail musical ne pourrait pas être plus large : du R&B influencé par le dancehall au rap électrique en passant par le battlerap féministe, tout y est. L'auteure, promotrice de musique et fondatrice Lina Burghausen s'est associée pour cela à la branche allemande de la maison de disques Pias. Ensemble, elles pourraient occuper un vide qui n'existe pas seulement dans le paysage du rap local, mais dans toute l'industrie musicale, toujours marquée par le patriarcat.
Texte : Regina Làng
Popcast juin 2023
Ce mois-ci avec de la musique de:
Joyce Muniz |
Joyce Muniz Music
Daniel Haaksman |
Man Recordings
Raz Ohara |
Denature Records
Angela Aux |
Inselgruppe
MD Pallavi & Andi Otto |
Pingipung
Auteur: Ralf Summer
Locateur (Anglais): David Creedon
Voix de femme haut-parleur (Anglais): Louise Hollamby Kühr
Réalisé en plein confinement, le deux
Joyce Muniz | © Katja Ruge
ième album de la DJ
Joyce Muniz, née au Brésil et vivant à Berlin, porte bien son nom
Zeitkapsel (Capsule temporelle), car l'album retrace quelques étapes de sa carrière. Ce qui est remarquable, c'est son flair pour les meilleurs moments de l'electro-house des années 2000, et le plaisir audible qu’elle éprouve à faire la fête. Son calendrier se lit alors comme il se doit - de Berlin à Ibiza, puis en Australie, avant de revenir à Vienne, où elle a vécu dans les années 1990. Et ce n'est que le mois de juin, l'été n'a pas encore vraiment commencé
Esta es la Rumba
La Rumba de la Bruja
La Bruja que te embruja
La Bruja del Volcán
Daniel Haaksman, « Bruja » ft. MALAGÜERA + Los Bulldozer
Daniel Haaksman | © Man Recordings
Auteur, musicien et gérant de label,
Daniel Haaksman a un faible pour les rythmes sud-américains, et en particulier les rythmes brésiliens. Et il poursuit cette passion de manière si conséquente que ses publications ne rappellent jamais, ne serait-ce qu'un peu, le temps pluvieux à Berlin. Il offre même à de nombreux musicien.ne.s brésiliens une plateforme pour leurs sorties internationales. Mais c'est bien plus que de la musique pour les vacances à la plage. Le mariage magistral des cultures, la production retentissante de styles latino-américains comme le funk carioca (rebaptisé « baile funk » par Haaksman), la soca ou la cumbia, mais aussi les sons africains comme sur sa compilation
African Fabrics, sont des contributions importantes au paysage musical, et pas uniquement à celui d’Allemagne.
Raz Ohara | © Cristobal Rey
Raz Oharas n'est pas un rockeur. Mais c'est à peu près la seule classificationqui nous vient à l'esprit, tant ses collages de chansons, composés avec amour et dans lesquels on dit qu’il aime s’échantillonner lui-même, sont complexes. Souvent, un simple piano mural porte les harmonies en plus de sa voix enregistrée de très près. Le jazz joue un rôle de plus en plus important dans son nouvel album Tyrants. Face à tant de charme analogique, on s'étonne de
voir que son catalogue comporte essentiellement des collaborations électroniques. Mais grâce à ce nouvel album, il renoue avec l'Odd Orchestra, avec lequel il a pu exprimer son amour du genre chanteur/compositeur. Le mélange équilibré qu’on y retrouve entre la mélancolie et la transfiguration a de quoi plaire.
Angela Aux | © Milena Wojhan
Instinctive Travels on the Paths of Space and Time, le nouvel album de l'auteur, poète, musicien et politologue de formation munichois
Angela Aux, se présente sous la forme d'une trilogie, flanquée d'un roman de science-fiction et d'une pièce de théâtre (
Introduction To The Future Self, créée l'année dernière au Kammerspiele de Munich). Mais à elle seule déjà, la weird folk du bassiste et chanteur du groupe munichois Aloa Input vaut la peine d'être écoutée. Son récit de science-fiction tentaculaire à propos d'un extraterrestre aux questions existentielles sur l'univers est une œuvre souple, aérée et d’une incroyable douceur, qui dessine avec des slides de synthé et des courbes mélodiques des cordes un avenir réconfortant dans lequel les questions de l'humanité et de l'humain peuvent être résolues pour le bien de tous les extraterrestres et non-extraterrestres.
Let the ships of the mind sail, dear clouds and stars
MD Pallavi & Andi Otto, « Prayer To The Cloud »
MD Pallavi & Andi Otto | © Andi Otto
La chanteuse classique Hundustani
MD Pallavi de Bangalore
& le compositeur et DJ hambourgeois
Andi Otto ont entamé il y a plusieurs années une collaboration artistique très particulière et fructueuse, qui a vu le jour après une première rencontre lors d’un spectacle de théâtre à Berlin et s’est poursuivie dans le cadre d’une résidence en Inde.
Songs for Broken Ships présente une vision de la musique pop électronique issue de deux origines très différentes et marquée par les poèmes de Pallavi récités dans la langue indienne Kannada et les productions électroniques d'Otto, que l'on pourrait qualifier tantôt de slow house, tantôt de folktronica. Ce faisant, l'œuvre interculturelle développe une beauté intense, dans laquelle les histoires des poèmes deviennent des récits musicaux.
Popcast Mai 2023
avec la musique de:
Robocop Kraus |
Tapete Records
Hendrik Otremba |
Trocadero
Doc Sleep |
Tartelet
Kid Empress |
Frische Luft
Jungstötter |
Pias
Auteur: Angie Portmann
Locateur (Anglais): David Creedon
Voix de femme haut-parleur (Anglais): Louise Hollamby Kühr
Everything in me is new and light like air
Every thing is freed
It is new and free of care
Jungstötter, « Air »
The Robocop Kraus | © David Häuser
Les vétérans de la pop alternative allemande, les
Robocop Kraus de Nuremberg, sont de retour. Leur nouvel album
Smile souffle comme un vent frais dans la pièce. Il est tantôt entraînant comme un groupe de garage rock des années 1960, tantôt minimaliste et espiègle avec d’amusantes lignes de synthétiseur, et tantôt généreusement gorgé de chaleureux et d’agréables emprunts à la Côte Ouest. Ce qui caractérise ce groupe, c'est son sens aigu de l'observation et de l’humour : l'album regorge de petites et grandes histoires qui valident l'expression musicale. Le meilleur album jusqu'à présent d’un groupe qui n’est pas piqué des vers. Ici, par exemple, en mode Devo :
Hendrik Otremba | © Kat Kaufmann
Hendrik Otremba, chanteur du groupe
Messer, vient de sortir son premier album solo. Le peintre, auteur et conférencier (etc.) met sa musique sur un pied d’égalité avec ses autres formes d’expression ; une idée peut très bien
devenir un tableau, un roman ou justement une chanson. Son album
Riskantes Manöver (Manœuvre risquée) prend toutefois quelques risques, comme son titre l'indique : les poèmes qui y entend regorgent d'allusions mystérieuses et de demi-phrases énigmatiques. Ils sont tantôt chantés d'une voix tremblante, tantôt criés ou chuchotés. Avec toute cette théâtralité, on se demande parfois s'il ne s'agit pas d'une satire. Sur le plan musical, l'œuvre est impeccable, elle explore les manifestations les plus diverses des genres sombres, de la brutalité industrielle à la chanson profonde.
Doc Sleep | © Lindsey Dodge
Melissa Maristuen, alias
Doc Sleep, a une signature beaucoup plus modeste. En tant que gérante d'un label, la Berlinoise s'occupe normalement de la carrière des autres. Mais maintenant, elle présente
Birds (in my mind anyway), son premier album. La force de sa musique, que l’on peut classer dans la catégorie techno ambiante, réside dans sa subtilité, mais aussi dans sa polyvalence. Le temps ne semble jamais compter et même lorsqu'un breakbeat s'immisce dans les séquences oniriques, les compositions restent terre à terre et l'on a l’agréable sentiment d'assister à un chef-d'œuvre intemporel.
As far as I can tell, everyone loves you with your silly heart, your pretty smile
Kid Empress, « Forever Young »
Kid Empress | © Manuel Vescoli
Issus de l'environnement créatif du label Frische Luft,
les Kid Empress se distinguent d'abord par la cohérence de leur travail artistique, dans lequel on peut détecter leur prédilection pour les peintures acryliques abstraites. Sur le plan musical, ils se montrent toutefois plus ouverts. Ils subordonnent systématiquement le choix des arrangements à leurs compositions, et cela leur réussit particulièrement parce qu’ils ont étudié le jazz ensemble. Le jazz n’occupe pas une place importante chez les Kid Empress, et à l'instar du groupe américain Midlake, le quatuor préfère se tourner vers l'univers de la pop alternative.
Jungstötter | © Clemens Schmiedbauer
Peu de seconds albums ont été attendus aussi longtemps et avec autant d'impatience que celui de Fabian Altstötter, alias (haha)
Jungstötter. Son premier album
Love Is, sorti en 2019, a établi le baryton comme une sorte de Scott Walker allemand. Ses arrangements orchestraux généreux mais bien pensés et son lyrisme atmosphérique ont ajouté une facette jusqu'alors inconnue à l'histoire de la musique allemande. Il conserve ici son pathos de bon goût et le caractère sérieux et bienfaisant de son interprétation :
One Star reprend là où le premier album avait laissé le public. Les compositions longues et calmes nous réconcilient avec cette attente prolongée et produisent un effet d'attraction magique dont il est difficile de s'échapper. Plus homogène et plus accessible que son prédécesseur, il connaîtra sans aucun doute un vif succès commercial.
Popcast Avril 2023
Niels Frevert | © Dennis Dirksen
avec la musique de:
Feh |
Trikont
Cava |
Buback
Niels Frevert |
Grönland Records
Tristan Brusch |
Four Music/Tautorat Tonträger
Zoe Mc Pherson |
SFX
Auteur: Angie Portmann
Locateur (Anglais): David Creedon
Voix de femme haut-parleur (Anglais): Louise Hollamby Kühr
FEH | © Gerald von Foris
Le trip hop des années 90 est de retour - mais sous une nouvelle forme : avec son album
Right on Song, le trio originaire de Bavière
FEH livre un premier album hors du commun. D’aucuns connaissaient le bassiste Oliver da Coll Wrage et le batteur Manuel da Coll en tant que (ex-)membres du groupe de pop-brass bavarois LaBrassBanda. Mais ceux qui s'attendent à trouver chez FEH des pantalons en cuir et du dialecte se trompent lourdement : le trio de la chanteuse Julia Fehenberger livre un trip hop élégant et décontracté, parfois minimaliste, parfois plus soul. Impressionnant - notamment en raison de la voix experte de Fehenberger, qui semble glisser sans effort sur les arrangements de ses collègues.
Tristan Brusch | © Rebecca Kraemer
Contrairement à que le titre de son dernier album,
Am Wahn (À la folie), l’indique, l'auteur-compositeur
Tristan Brusch n'est pas devenu fou. Avec de nombreux effets dramatiques, cet exercice d'équilibre entre la chanson et la musique pop nous ramène dans la France des années soixante. Comme avec les grands chansonniers français, on retrouve chez Brusch immanquablement une certaine dose de peine de cœur. Son dernier album illustre ainsi les facettes des relations amoureuses toxiques. On peut littéralement sentir la fumée de cigarette et le vin rouge, tandis que la voix de Brusch plane clairement sur des arrangements de cordes et des sons mélancoliques de piano et de guitare.
Just because I’m not a man
I cannot be objective, I can’t control my feelings,
I am just a casualty in your fucking life
CAVA, « Touch my skin »
CAVA | © Anna Wyszomierska
Nommé d'après le vin mousseux espagnol, le duo berlinois
CAVA est dans son premier album
Damage Control aussi pétillant que son homonyme. La guitariste Peppi Ahrens et la batteuse Mela Schulz livrent un punk garage comme on les aime avec des mélodies accrocheuses, des textes provocateurs et beaucoup de feedback. S’en dégage ici et là une touche de féminisme et de critique du capitalisme. Rien d'étonnant à ce que le duo trouve son inspiration entre autres dans le mouvement Riot Girrrl. La musique de CAVA est pleine d'énergie, tout comme le groupe lui-même, pour qui la sortie de son premier album,
Damage Control, n’arrivait pas assez vite. Ils l’ont donc publié par leurs propres moyens à Berlin, avant de rejoindre leur label hambourgeois Buback.
Niels Frevert | © Dennis Dirksen
Avec son septième album, l’aurore boréale
Niels Frevert fait déjà partie des "vieux de la veille" du paysage de la pop allemande.
Pseudopoesie fait suite à son album
Putzlicht sorti en 2019 et, contrairement à ce que le titre laisse supposer, il n'est pas du tout « pseudopoétique ». Dans le style habituel de Frevert, les mots sont tournés et retournés, des mots comme "rebord de lavabo" sont transformés sans hésiter en titre de chanson et une personne peut parfois être « flatterhaft wie Flatterband ». Comme
Putzlicht,
Pseudopoesie est nettement plus dansant que les albums précédents, comme en témoignent les titres
Fremd in der Welt ou
Kristallpalast. Le nouveau producteur de Frevert, Tim Tautorat, connu surtout pour sa collaboration avec des groupes de pop allemande comme AnnenMayKantereit, Provinz ou Faber, y est probablement pour quelque chose.
Ich sing' in einem Käfig, in dem der Algorithmus nicht greift
[Je chante dans une cage où l'algorithme n'intervient pas] Niels Frevert, « Fremd in der Welt »
Zoë McPherson | © Lucie Rox
Des Pays-Bas à l'Ouganda en passant par le Kazakhstan : le travail créatif de
Zoë McPherson en tant que DJ, performeuse et artiste multimédia l'a déjà conduite dans les pays les plus divers. Son dernier album,
Pitch Blender, est empreint de techno expérimentale et a été publié sur son propre label, SFX, que McPherson a fondé avec Alessandra Leone. SFX n'est pas seulement un label, c’est également une plateforme pour les arts audiovisuels offrant un espace pour l'expérimentation et la créativité. McPherson aime faire des essais et cette préférence se ressent également sur
Pitch Blender.
Popcast März 2023
Avec de la musique de:
Harmonious Thelonious |
Bureau B
Gemma Ray |
Bronze Rat Records
PASCOW |
Rookie Records & Kidnap Music
Mira Mann |
Euphorie Records
Sam Goku |
Permanent Vacation
Auteur: Ralf Summer
Locateur (Anglais): David Creedon
Voix de femme haut-parleur (Anglais): Louise Hollamby Kühr
Harmonious Thelonious | © Foto Schiko
Ces dernières années, Stefan Schwander s'est créé un créneau très particulier sous le nom d'
Harmonious Thelonious, en mélangeant des rythmes africains, sud-américains et moyen-orientaux avec une électronique minimaliste. Sur son nouvel album
Cheapo Sounds, il tourne le dos à tout cela. Réduit à un seul instrument, le synthétiseur Monomachine de l’entreprise suédoise Elektron, sorti il y a une dizaine d'années (et qui est loin d'être bon marché), il a créé une collection d'esquisses de chansons réduite à quelques pistes. Celles-ci semblent parfois extrêmement fragiles, mais développent un charme hypnotique auquel il est difficile de se soustraire.
Elektron MonoMachine | © Elektron
Sam Goku | © Sam Goku
La techno et la leftfield house marquent l'œuvre du Dj et producteur munichois
Sam Goku. Alors que ses apparitions dans certains des clubs les plus connus d'Europe et son set éclectique lors de la dernière édition de la Secret Garden Party anglaise l'ont fait connu internationalement, il n'a jamais cessé d'affiner ses compétences de mixeur et de sélecteur, mais aussi de producteur. C'est ce qui ressort de son nouveau matériel, annonciateur de son deuxième album à paraître,
Things We See When We Look Closer.
Wir laufen nebeneinander 1,5 Meter Abstand
[Nous marchons côte à côte à 1,5 mètre de distance]
Mira Mann, « Abschied »
Mira Mann | © Rosanna Graf
Réservée, réfléchie, abstraite et poétique, c'est ainsi que la musique du premier album
weich de
Mira Mann semble. L'artiste, qui travaille comme autrice entre autres pour le magazine culturel
Das Wetter et le
Süddeutsche Zeitung, exprime ses réflexions froides sur un son osseux, largement électronique et souvent lyrique. Le rythme est toujours modéré, pas un son de trop, on sent combien de réflexions ont été investies dans la production. Les auditrices et auditeurs attenti.ve.fs de Popcast reconnaîtront en elle l'un des membres fondateurs du groupe post-punk munichois Candelilla, dont le deuxième album a été produit par nul autre que Steve Albini. Une œuvre fantastique.
And we will never sympathize with these iron jaws
Until the coast is clear – hide
Grow stronger
Colder
Gemma Ray, « Be Still »
Gemma Ray | © Fredrik Kinbom
Gemma Ray & The Death Bell Gang est une expérience anguleuse d'electronica cinématographique, qui s'éloigne d'une certaine manière de la pop-noir souple qui les caractérise habituellement. Mais chez
Death Bell Gang aussi, la tristesse et le mal se mêlent à la tendresse et à la nostalgie, et une cloche résonne toujours quelque part. La Berlinoise d'adoption, née en Grande-Bretagne, a déjà derrière elle un grand nombre de publications, mais elle se montre également rafraîchissante et curieuse sur cette dernière œuvre.
Pascow | © Simon Gelbert
Pascow, le projet punk vieux de plus de 20 ans des frères Alex et Ollo Thomé, originaires de la paisible Rhénanie, fait partie d'une scène très stable du punk rock germanophone, qui a toutefois du mal à se faire entendre en dehors de l'espace germanophone. En revanche, ils le sont d'autant plus en Allemagne - leur dernier album s'est classé dans le top 50 des ventes d'albums lors de sa sortie en 2019. Ils sont pourtant à mille lieues du mainstream - selon leurs propres dires, ils sont devenus plus durs que doux au fil des années.
Popcast Février 2023
Ce mois-ci avec la musique de:
DJ Gigola |
Live From Earth Klub
Dobrawa Czocher |
Modern Recordings
Power Plush |
Beton Klunker Tonträger
Yosa Peit |
Firerecords
Wildes |
Kommando-84
Auteur: Angie Portmann
Locateur (Anglais): David Creedon
Voix de femme haut-parleur (Anglais): Louise Hollamby Kühr
Haven’t you heard of gravity?
It’s making it hard to move forward, let me say
It’s holding us close to the places
In which we live, in which we stay.
Power Plush, « Heavenly »
Power Plush | © Janine Kuehn
L'Est de l'Allemagne fait généralement la une de l'actualité pour de mauvaises raisons. Exode, radicalisme de droite, stagnation sont les associations d'idées les plus fréquentes dans les médias. Il est pourtant facile de ne pas voir à quel point la scène musicale est vivante dans les villes dont la population se rajeunit peu à peu grâce aux excellentes universités d'Allemagne de l'Est. Ainsi, Chemnitz a aussi une sous-culture vivante, et les quatre membres de la troupe indie-pop
Power Plush en sont la meilleure preuve. Sur
Coping Fantasies se présente un jeune groupe qui a non seulement acquis une riche expérience live dans les environs depuis des années, mais qui a également été élu « Meilleur nouveau groupe » lors des VUT Awards l'année dernière.
Yosa Peit | © Sinistra Ging
La fantastique
Yosa Peit, dont l'album
Phyton est sorti en novembre de l'année dernière, voit la musique comme un espace sans défaut. D'un bout à l'autre de l'album, on sent un esprit libre, une envie d'expérimenter et une absence de peur. Le funk minimal de ses morceaux, la multitude d'instruments parfois étranges, le cliquetis des hi-hats lointains sont une expérience auditive d'une rare fraîcheur. Parallèlement à son activité artistique, elle organise des ateliers pour les filles et les personnes non-binaires sous le nom de projet Error Music, au cours desquels la technique musicale peut être testée de manière ouverte et libre de toute attente.
Heute bin ich eingeladen auf einer Party in der City
Aujourd'hui, je suis invitée à une fête en ville.
Wildes, « Leger in Schwarz »
L'électroclash, mais aussi le sentiment rétro de la Neue Deutsche Welle, se dégagent du duo munichois
Wildes. Le titre présenté ici, l'ouverture de leur premier album
Klischee, est un morceau d'électro-pop simple, avec un chant refroidi et une critique aérienne du capitalisme. Sur scène, les deux Zurichois et Munichois ont surtout été présents dans leurs villes natales, notamment en première partie des héros allemands de l'indie rock Die Nerven et Tocotronic.
« Nous vivons dans une ère de recyclage », déclare Pauline Schulz aka
DJ Gigola dans une
entrevue accordée au magazine musical allemand
Groove, et il est question d'influences diverses et d'ouverture, la drôle de DJ Gigola et la sérieuse Paulina, de pop et de techno, de trance, de hip-hop et de culture club. Mais ce qui semble passionnant, surprenant et astucieux dans un set live étendu devient un défi condensé sur la longueur d'une piste, ce qui n'est pas toujours réussi. Sur
Fluid Meditations, son premier album, elle travaille avec des passages parlés composés de médiations, ce qui confère aux morceaux une dose supplémentaire d'originalité.
Avec son premier album solo
Dreamscapes, la violoncelliste polonaise
Dobrawa Czocher repousse les limites du néoclassique en y ajoutant des sons électroniques, des atmosphères magistralement empilées, mais qui restent toujours en retrait par rapport aux diverses pistes de cordes. L'album reste toujours fermement ancré dans la musique classique, mais potentialise de manière efficace l'ambiance méditative des pistes qui évoluent en spirale. Comme le suggère le titre de l'album, le contenu doit porter sur le monde des rêves et leur rôle dans l'inconscient, mais en dehors de cette thématique ésotérique, on découvre un petit bijou extrêmement ancré dans la terre, attrayant et arrangé de manière compétente et exigeante.
Popcast Janvier 2023
Ce mois-ci avec la musique de:
Die P |
365xx
Tom Liwa |
Tom Liwa
Pole |
Mute
Popp |
Squama
Zucker |
Krokant Music
Auteur: Ralf Summer
Locateur (Anglais): David Creedon
Voix de femme haut-parleur (Anglais): Louise Hollamby Kühr
Die P | © Daniel Reineke
Il y a plus d'un an, nous avons présenté dans ces pages une artiste qui, à l'époque, n'était certes pas « nouvelle » au sens strict du terme, mais encore largement inconnue. Entre-temps, cela a quelque peu changé : Depuis la scène hip-hop de l'ancienne capitale allemande Bonn,
Die P s'est déjà forgé une base de fans fidèles depuis 2017. Après un passage fracassant au
Splash Festival, l’artiste passe maintenant à la vitesse supérieure avec des nouveaux partenaires : Ce deuxième EP de l'année dernière était sorti sur le label 365XX, qui ne prend sous contrat que des artistes s'identifiant comme féminines. La directrice du label, Lina Burghausen, gère également le très populaire blog
365 Female MCs, dont le nom est tout un programme : pendant un an, une nouvelle musicienne a été présentée chaque jour.
Me again, allow me to pick up where I left off
Lina Burghausen
Tom Liwa | © Saskia Lippold
Sans
Tom Liwa, il manquerait un élément important à la scène musicale allemande. L'ancienne tête des merveilleux Flowerpornoes est responsable de l'un des plus beaux albums en langue allemande avec
Red' nicht von Straßen, nicht von Zügen, sorti en 1994, et a continué dans la tradition de la folk légère et poëtique, aussi bien avec son groupe qu'en tant qu'artiste solo. Il a maintenant publié ce qu'il appelle « une autre œuvre de vieillesse », qui brille avec un nouveau groupe et diverses fonctionnalités formidables.
Pole | © Kai von Rabenau
Stefan Betke aka
Pole est également un point fixe dans le paysage culturel allemand, et les Montréalais le connaissent bien pour ses nombreuses visites au MUTEK. Ce maître de la techno dub n'est pas seulement connu en tant que créateur de musique, mais aussi en tant qu'ingénieur de mastering (Dubplates & Mastering) et gérant de label (~scape). Avec
Tempus, qui vient de paraître, Pole a livré un nouvel album d'écoute au style sûr et à la technique sophistiquée, qui s'intègre parfaitement dans son œuvre.
I like it when things are allowed to appear and develop in the moment. In the studio I have everything ready to go. I want to be able to start right away and see where it takes me.
Simon Popp dans le magazine web « 15Questions »
Simon Popp | © Manuel Nieberle
Le batteur munichois Simon
Popp est une découverte extrêmement intéressante. Sur son troisième album, il part à la recherche de tout ce que l'on peut faire avec des percussions métalliques. Il en résulte une collection de compositions complexes mais magnifiques. Des sons clairs et sombres, organiques et synthétiques sont les moyens avec lesquels Popp explore les limites de ses instruments sur
Blizz. Une découverte fantastique pour les vrais fans d'électronique organique, de percussions minimales et de musique instrumentale allant du (quasi) jazz au néoclassique est le label
Squama, également munichois.
Zucker | © Nils Hansen
Les électropunks hambourgeois de
Zucker sont plus rudes. Le duo queerféministe Pola et Chris (aka Gigolo Tears) a déjà gagné comme fans une grande partie des personnalités de la musique hambourgeoise, dont Frank Spilker (Die Sterne), Sophia Kennedy et Stella Sommer, et s'ouvre enfin au marché de masse avec son premier album éponyme. Leurs hymnes électriques de trois minutes, arrangés de manière minimaliste, ont en tout cas le potentiel de caraméliser la scene alternative de l'Allemagne.
Ce mois-ci avec la musique de:
Derya Yıldırım & Grup Şimşek |
Les Disques Bongo Joe & Catapulte Records
Malva |
Trikont
Mulay |
Groenland
To Rococo Rot |
Bureau B
What Are People For? |
Alien Transistor
Auteur: Ralf Summer
Locateur (Anglais): David Creedon
Voix de femme haut-parleur (Anglais): Louise Hollamby Kühr
Derya Yildirim & Grup Şimşek | © Allegra Kortlang
La chanteuse hambourgeoise
Derya Yildirim et son international
Grup Şimşek sont une exception absolue dans le paysage musical allemand. Sur les traces des racines turques de sa famille, son folk traditionnel anatolien est confronté à la lourde tâche de couler une version respectueuse et authentique de la musique traditionnelle dans une forme pertinente dans le monde contemporain. Ainsi, on trouve également sur
Dost 2 des sons plus expérimentaux, psychédéliques et funky. C'est ainsi que la musique traditionnelle peut-être même plus amusante.
What Are People For? | © Enid Valu
A quoi servent les gens, en fait ? C'est la question existentielle que se posent Anna McCarthy et Manuela Rzytki dans leur projet
What Are People For ? Avec humour, poésie et politique, elles souhaitent que l'on lise leurs morceaux bruts, joyeux et inventifs. Les beats en boucle, les textes généralement parlés (criés) et toutes sortes d'électronique analogique créent une énergie anarchiste à laquelle il est difficile de résister. Ce premier album éponyme de « dystopic dance music » vient de paraître sur Alien Transistor, le label des héros allemands de l'indie rock Notwist.
I’ve lived a thousand lives to get here
Failed a thousand tests
Tried my best, but this path takes as long
as my sins to confess
Mulay, « Ivory »
Mulay | © Shauna Summers
Après des études de jazz à l'ArtEZ University of Arts d'Arnhem, la Munichoise d'origine
Mulay s'est installée à Berlin, d'où cette chanteuse surdouée a produit depuis 2020 une série de sorties qui laissent espérer un grand avenir. Le R&B soul d'
Ivory s'affirme sans peine, même face à la plus forte concurrence internationale, les compositions sûres d'elles-mêmes sont réalisées de manière absolument impeccable et le chant semble parfois venir d'un autre monde. Les cinq morceaux composés par Mulay elle-même se baladent sans peine entre ballade contemplative et un rhythm & blues expérimental. Impressionnant.
Malva | © privat
Malva Scherer, âgée de 20 ans seulement, a dû passer son diplôme de fin d'études ainsi que son premier album
Das Grell in meinem Kopf à la maison en raison d'une pandémie. Elle et son partenaire de crime Quirin Ebnet ne s'étaient encore jamais produits sur scène avant la sortie de l'album, mais ils ont pu acquérir une grande expérience dans l'écriture et la production d'une pop indie aérienne. C'est peut-être à juste titre que Malva cite la sensation youtube Dodie Clark comme influence, mais cela ne doit pas faire oublier que l'on a affaire ici à un énorme talent. Alors que l'album semble encore un peu indécis par endroits dans sa diversité, la mélancolie poétique qui imprègne toutes les œuvres et bien sûr le chant plus que compétent constituent une base parfaite pour une carrière réussie.
It was something new, something that sounded like it could only be done in Germany; and, as I discovered later, could only be done by guys who were born in the east of Germany in the days before the wall came down.
Daniel Miller (Mute Records) à propos de To Rococo Rot
To Rococo Rot | © Wyndham Wallace
Les sessions John Peel sont une consécration plutôt rare pour un groupe originaire des contrées allemandes. Stefan Schneider et Robert et Ronald Lippok y sont parvenus sous le nom de
To Rococo Rot. En 1997 et 1999, le groupe avait déjà été invité à Londres pour y présenter son son unique et ludique. Le terme de krautrock revient souvent dans la description de la musique, mais ce n'est pas tout à fait exact. Le post-rock hypnotique et trippant du trio est fait pour ces sessions Peel, dont la publication n'intervient qu'avec un retard inexplicable de plus de 20 ans.
avec la musique de:
Chuckamuck |
bretford records
Die Nerven |
Glitterhouse Records
Gaddafi Gals |
3-Headed Monster Posse
Lucrecia Dalt |
RVNG
Mädness |
Mädness
Auteur: Angie Portmann
Locateur (Anglais): David Creedon
Voix de femme haut-parleur (Anglais): Louise Hollamby Kühr
Die Nerven | © Lucia Berlanga
Le groupe de noise de Stuttgart
Die Nerven (l'un des meilleurs noms de groupe qui soit – il signifié « Les Nerfs » ainsi que « Ils tombent sur les nerfs ») est de retour avec sa version d'un album noir, son cinquième. La pochette est ornée d'un berger noir sur fond noir, et l'ambiance musicale est tout aussi sombre. Une œuvre furieuse et inconfortable sur un monde en mutation rapide, dans lequel le privilège personnel est reconnu comme une grandeur finie et culpabilisante. Le chanteur et guitariste du groupe, le maître producteur Max Rieger (All Diese Gewalt, Obstler) a enregistré l'intégralité de l'album en direct et sans métronome afin de créer une intensité adaptée à la gravité de la situation mondiale. Il est sorti sur le label habituel du groupe, le formidable Glitterhouse Records, organisateur de l'
Orange Blossom Festival, auquel on ne peut que conseiller de tout cœur aux voyageur.e.s en Allemagne de se rendre.
© Die Nerven/Glitterhouse
Gaddafi Gals | © Marcel Moos
Et encore un trio dans le Popcast de novembre du Goethe-Institut : Slimgirl Fat, Ebow et Walter p99 arke$tra sont les drôles de
Gaddafi Gals. Ils ont toujours été cool, mais sur
Romeo Must Die, leur nouvel album qui vient de sortir, ils ont perfectionné leur mélange de R&B et de rap. Le résultat est une mise à jour du son des années 90 - soul, trip-hop, rap sous un élégant déguisement futuriste. En particulier, le chant dominant de Nalan Karacagil aka Slimgirl Fat atteint un tout nouveau niveau sur
Romeo Must Die. Le ciel est la limite pour les Gals.
Lucrecia Dalt | © Erin Lang
L'artiste colombienne
Lucrecia Dalt, installée à Berlin depuis des lustres, appelle son album
¡Ay ! un « espace coulé dans l'argile : enfumé, faiblement éclairé, séduisant et vaguement menaçant ». Sur son dernier album, à l’époque également présenté dans le Popcast, le magnifique
Anticlines, la musique électronique dominait encore. Mais sur
¡Ay!, on assiste à une mutation vers une musique plus abstraite, plus expérimentale. Tambours, trompettes, contrebasse et une sélection très inventive de samples atmosphériques accompagnent leurs interprétations fantomatiques du folklore latino-américain. « Musique lounge pour l'au-delà », peut-on lire avec justesse sur Apple Music.
Ein Gespräch gib’s vorher und
Ein Gespräch dann nochmal hinterher
Es geht um’s Tägliche
Doch das Tägliche fällt uns schwer
[Une conversation avant et après.
Une autre conversation après.
Il s'agit du quotidien.
Mais le quotidien nous est difficile.]
Chuckamuck, « UV Index »
Chuckamuck | © Frederike Wetzels
Si Jacques Brel et Steven Malkmus engendraient des triplés à Berlin, cela donnerait
Chuckamuck. Le trio de garage pop éclectique du même nom maintient un savant équilibre entre attitude punk et folk lo-fi artistique, tout comme l'auraient aimé leurs pères. Sur leur nouvel album au nom énigmatique de
beatles, les trois musiciens créent un art mineur filé qui, de manière libre et détachée, crée son propre monde, dans lequel il n'y a que des appartements anciens au prix de 1970 et où tous les chiens ont au moins 16 ans. Tout comme le groupe.
Mädness | © Robert Winter
Marco Döll aka
Mädness est le secret le mieux gardé du rap underground allemand. Le crime n'est pas sa tasse de thé, Mädness fait partie de ces rappeurs allemands qui ont les pieds sur terre, qui ont une bonne technique et dont le style intemporel a donné au genre une identité propre, loin des tendances importées. Sur
Maggo lebt, le nouvel EP, les auditeurs de popcast retrouveront des featuring connus de Fatoni et du congénial Amewu.
avec la musique de:
The Düsseldorf Düsterboys |
Staatsakt
Jens Friebe |
Staatsakt
Oberst & Buchner |
Heimlich
1000 Robota |
Tapete Records
Ströme |
Compost Records
Autrice : Angie Portmann
Locateur (Anglais) : David Creedon
Oberst & Buchner | © Josef Pfeiffer
La maison de disque viennois et collectif d’artistes Heimlich a fait du downbeat transfrontalier son cheval de bataille. Une partie de ce collectif est le duo germano-autrichien de Dj et de remixeurs
Oberst & Buchner. Avec
Marble Arch, ils livrent une œuvre magnifique, dont les nappes de synthétiseur et les arpèges élégants sont toujours mis au service de la composition. Le résultat est une synthpop chaude et intemporelle, dont les moments les plus forts se produisent dans les pistes instrumentales.
Ströme en concert | © Ströme
Ströme travaillent dans le même esprit, mais mise entièrement sur la technique analogique et se targue de ne pas utiliser d'ordinateur lors de ses représentations live. Sur leur deuxième album, le duo travaille sur certains morceaux avec Nick MacCarthy, membre fondateur de Franz Ferdinand. Cet album montre lui aussi ses forces notamment dans les morceaux instrumentaux.
Was kommt nach höher schneller weiter
Nichts mehr was noch Spaß macht
[Qu'est-ce qui vient après plus haut plus vite plus loin
Plus rien qui soit amusant.]
1000 Robota, « SCHMA »
1000 Robota | © Tom Otte
Le groupe hambourgeois
1000 Robota a fait l'objet d'un énorme battage médiatique à la fin des années 90. Le post-punk rugueux des adolescents de l'époque (
Hamburg Brennt) a touché le nerf de la guerre, mais après deux albums, c'en était assez, les membres du groupe poursuivaient d'autres projets. Sur
3/3, le trio fait soudainement son retour après plus de dix ans, dignement mûri et un peu plus calme. La force créative est restée intacte et, comme au bon vieux temps, les textes filés sont presque toujours interprétés à deux voix, mais les arrangements sont devenus plus riches. Ceux qui le souhaitent peuvent
commander le vinyle auprès du label - les 500 premiers exemplaires ont été emballés individuellement par le groupe. Chaque pochette est unique.
Jens Friebe | © Max Zerrahn
Le grand
Jens Friebe éclaircit d'un coup toute ambiance de crise avec ses numéros pop aériens. Chez Jens Friebe,
Am Ende Aller Feiern (toutes les fêtes ne se terminent) pas par la morosité, mais par une réflexion espiègle sur des temps pas toujours faciles, mais qui valaient la peine d'être vécus. Et cela est emballé dans un arrangement dont la complexité ne se révèle qu'à ceux qui prennent la peine de l'écouter attentivement.
There’s a gangster on my bed
With a hoodie on her head
She’s looking good
She’s looking fine
The Düsseldorf Düsterboys, « Gangster »
The Düsseldorf Düsterboys | © Katharina Geling
Les
Düsseldorf Düsterboys disent, dans le même esprit que Jens Friebe, qu'ils font de la « musique pour la fête après la fête ». Dans le projet complémentaire d'International Music, difficile à trouver sur Google, Peter Rubel et Pedro Goncalves Crescenti célèbrent avec un sérieux ironique le son des années 1960. Ils se présentent de manière opulente, avec de nobles guitares acoustiques, des percussions en bois parcimonieuses et des flûtes aériennes. Qui aurait cru que le son folk, que l'on croyait oublié, serait ressuscité précisément dans la ville d'Essen, qui n'est pas vraiment connu pour son côté cosmopolite
avec la musique de:
Andrra | 970042 Records DK
Gebrüder Teichmann |
Noland
Local Suicide |
Iptamenos Discos
Pantha du Prince |
Modern Recordings
Popkornzone |
Popkornzone Records
Auteur: Ralf Summer
Locateur (Anglais): David Creedon
Voix de femme haut-parleur (Anglais): Louise Hollamby Kühr
High buildings
Low Morals
Full wallets
Empty hearts
Please take good care of your children
Local Suicide, High Buildings
Local Suicide | © Tibor Bozi
Le son électro sombre a de nouveau la cote. Vamparela and Brax Moody, que l’on retrouve également dans les playlists des fans de Miss Kittin avec leur projet parallèle Dina Summer, en tirent profit dans le cadre de leur projet
Local Suicide. Avec un mélange efficace de new wave et de technodisco, ils font du neuf avec du vieux, offrant ainsi à la génération Z une toute nouvelle matière. On a beau qualifier ce duo musicien.ne.s-DJ gréco-berlinois de phénomène rétro, cela ne tient pas la route. Leur style assuré les protège des critiques trop sévères. Tout est à sa place, aucune note en trop. Et de toute façon, le son est l’fun.
Iptamenos Discos © Video by Zaher Jr.
Andrra | © Halime Gashi
D'origine kosovare, Fatime Kosumi aka
Andrra raconte, en albanais du Kosovo, des histoires de son pays, en mettant souvent en musique des textes traditionnels. Il y est question du rôle des femmes et de l’oppression qu’elles subissent dans la structure sociale traditionnelle du Kosovo, mais aussi de questions d'émigration et d'identité. Un travail ultramoderne qui trouve ses racines dans l'histoire du pays et qui dépeint le traumatisme qui traverse la vie de tant de femmes, d'hommes, de filles et de garçons kosovars. Produite à Berlin, Andrra s'est entourée d'une solide équipe de musicien.nes qui, avec des moyens acoustiques et électroniques, parvient habilement à ancrer le son traditionnel dans le présent.
Popkornzone | © Anasol Michael
Gravitant autour de l’artiste et chanteur Ferdinand Dölberg, la
Popkornzone propose de brillantes bêtises. Vous êtes versé.e en musique allemande ou prenez plaisir à chercher sur Google? Nous vous recommandons le jeune Andreas Dorau et Tom Schilling comme références. Les fans de ce quintette de hipsters berlinois peuvent s'attendre à une pop-punk carrée avec des textes dadaïstes qui, malgré ces ingrédients classiques, sonnent de manière tout à fait originale et réfléchie.
Gebrüder Teichmann | © Andi & Hannes
Les
Gebrüder (frères)
Teichmann, qui sont également frères dans la vraie vie (Andi et Hannes, musiciens, DJ, créateurs de labels et activistes culturels), font depuis longtemps partie intégrante de la scène techno berlinoise. Ils ont « vécu la transformation de Berlin, qui est passée du statut d'oasis de la sous-culture à une marque mondiale», mais n'ont jamais cédé au mainstream. Ils n'ont pas eu à le faire non plus. Au contraire, ils ont beaucoup voyagé, notamment à l'invitation du Goethe-Institut, et ont toujours
cherché avec curiosité les points de jonction avec d'autres cultures et d'autres créateur.trice.s de musique. S’inscrivant dans le domaine de la musique nouvelle, leur dernier projet,
Time Bends, a été créé en collaboration avec la percussionniste Robyn Schulkowsky, qui se produit actuellement au festival Berliner Festspiele.
Pantha du Prince | © Fréderic Boudin
Il n'y a probablement personne au monde qui éprouve autre chose que de la vénération pour Hendrik Weber aka
Pantha du Prince. Des surfaces douces et un carillon conciliant sont sa marque de commerce depuis son chef-d'œuvre
Black Noise, sorti en 2010. Depuis, rien d’autre que la meilleure qualité qui soit. Son nouvel album
Garden Gaia perpétue cette tradition. C’est dans le calme que réside la force. Sur le single accompagnant l'album,
Heaven Is Where You Are (Bendik HK Edit), un morceau mid-tempo breakbeat, on y entend même du chant.
Video directed by Til Obladen and Aiste Tamosiunaite
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